• À quatre heures du matin, l’été,
    Le Sommeil d’amour dure encore.
    Sous les bosquets l’aube évapore
         L’odeur du soir fêté.

    Mais là-bas dans l’immense chantier
    Vers le soleil des Hespérides,
    En bras de chemise, les charpentiers
         Déjà s’agitent.

    Dans leur désert de mousse, tranquilles,
    Ils préparent les lambris...

  •  
           Nuit d'étoiles,
           Sous tes voiles,
       Sous ta brise et tes parfums,
           Triste lyre
            Qui soupire,
       Je rêve aux amours défunts.

    La sereine Mélancolie
    Vient éclore au fond de mon cœur,
    Et j'entends l'âme de ma mie
    Tressaillir dans le bois rêveur.

           Nuit d'étoiles,
           Sous tes voiles,...

  • Plus prompte que la vague aux perfides caresses,
    Plus prompte que l’aurore aux menteuses promesses,
    Plus prompte que la nuit aux brûlantes ivresses,
    Tu vins et t’en allas !

    Comme une terre nue et par l’hiver mouillée,
    Comme une nuit sans rêve et d’astres dépouillée,
    Comme...

  •  
    Plus prompte que la vague aux perfides caresses,
    Plus prompte que l’aurore aux menteuses promesses,
    Plus prompte que la nuit aux brûlantes ivresses,
                Tu vins et t’en allas.
    Comme une terre nue et par l’hiver mouillée,
    Comme une nuit sans rêve et d’astres dépouillée,
    Comme un cœur dont la joie au vent s’est effeuillée,
                Je...

  •  
    Un soir, vaincu par le labeur
    Où s’obstine le front de l’homme,
    Je m’assoupis, et dans mon somme
    M’apparut un bouton de fleur.

    C’était cette fleur qu’on appelle
    Pensée ; elle voulait s’ouvrir,
    Et moi je m’en sentais mourir :
    Toute ma vie allait en elle.

    Echange invisible et muet :
    A mesure que ses pétales
    Forçaient les...

  •  
    C’est l’ennemi sournois, mais sûr,
    Sphinx intime, cancer obscur,
    De ce tas de cendres futur
          Appelé l’homme.
    Elle fausse tous ses ressorts,
    Épuise tous ses réconforts
    Et chicane tous ses efforts
          Qu’elle consomme.

    Sans doute, elle évoque à ses yeux
    Maint rêve descendu des cieux
    Avec le vol délicieux
          De...

  • Assis sur le versant des coteaux modérés
    D’où l’œil domine l’Oise et s’étend sur les prés ;
    Avant le soir, après la chaleur trop brûlante,
    À cette heure d’été déjà plus tiède et lente ;
    Au doux chant, mais déjà moins nombreux, des oiseaux ;
    En bas voyant glisser si paisibles les eaux,
    Et la plaine brillante avec des places d’ombres,
    Et les seuls...

  •  
    LES morts ont peur de l’automne
    Qui, chassant l’été vermeil,
    Fait autour de leur sommeil
    Souffler son vent monotone.

    Les feuilles dont le velours
    Rouillé par la canicule,
    Sur leur gazon s’accumule
    Leur font leurs linceuls plus lourds.

    Dans le brouillard où leurs tombes
    Semblent déjà s’effacer,
    Ils n’entendent plus passer...

  • Une minute encor, madame, et cette année,
    Commencée avec vous, avec vous terminée,
              Ne sera plus qu’un souvenir.
    Minuit ! voilà son glas que la pendule sonne,
    Elle s’en est allée en un lieu d’où personne
              Ne peut la faire revenir.

    Quelque part, loin, bien loin, par delà les étoiles,
    Dans un pays sans nom, ombreux et plein de voiles...

  •  
    Quand règne l’ombre froide et noire et son mystère,
    A l’heure de minuit, quand tout dort sur la terre,
    Excepté le remords, l’amour ou la douleur,
    Je veille, et, triste et seul, je descends dans mon cœur ;
    Je sonde en leurs replis mes détresses secrètes,
    Mes doutes, mes élans, mes luttes, mes défaites,
    L’espoir qui m’a trahi, le rêve où je me plus,...