• J'ai passé mon printemps, mon été, mon automne ;
    Voici le triste hiver qui vient finir mes voeux ;
    Déjà de mille vents le cerveau me bouillonne ;
    J'ai la face ridée et la neige aux cheveux.

    D'un pas douteux et lent, à trois pieds je chemine,
    Appuyant d'un bâton mes membres languissants,
    Mes reins n'en peuvent plus, et ma débile échine
    Se courbe...

  • Aimez-vous le passé
    Et rêver d'histoires
    Évocatoires
    Aux contours effacés ?

    Les vieilles chambres
    Veuves de pas
    Qui sentent tout bas
    L'iris et l'ambre ;

    La pâleur des portraits,
    Les reliques usées
    Que des morts ont baisées,
    Chère, je voudrais

    Qu'elles vous soient chères,
    Et vous parlent un peu
    D'...

  • Je ne suis pas jaloux de ton passé, chérie,
    Et même je t'en aime et t'en admire mieux.
    Il montre ton grand coeur et la gloire inflétrie
    D'un amour tendre et fort autant qu'impétueux.

    Car tu n'eus peur ni de la mort ni de la vie,
    Et, jusqu'à cet automne fier répercuté
    Vers les jours orageux de ta prime beauté,
    Ton beau sanglot, honneur sublime, t'a...

  • Quand nous aurons passé l'Infernale rivière,
    Vous et moy pour nos maux damnez aux plus bas lieux,
    Moy pour avoir sans cesse idolâtré vos yeux
    Vous pour être à grand tort de mon coeur la meurtrière.

    Si je puis toujours voir votre belle lumière,
    Les éternelles nuits, les regrets furieux
    N'étonneront mon âme, et l'Enfer odieux
    N'aura point de douleur qui...

  • C'était un grand château du temps de Louis treize.
    Le couchant rougissait ce palais oublié.
    Chaque fenêtre au loin, transformée en fournaise,
    Avait perdu sa forme et n'était plus que braise.
    Le toit disparaissait dans les rayons noyé.

    Sous nos yeux s'étendait, gloire antique abattue,
    Un de ces parcs dont l'herbe inonde le chemin,
    Où dans un coin,...

  • Si pour avoir passé sans crime sa jeunesse,
    Si pour n'avoir d'usure enrichi sa maison,
    Si pour n'avoir commis homicide ou trahison,
    Si pour n'avoir usé de mauvaise finesse,

    Si pour n'avoir jamais violé sa promesse,
    On se doit réjouir en l'arrière-saison,
    Je dois à l'avenir, si j'ai quelque raison,
    D'un grand contentement consoler ma vieillesse.
    ...