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    Je ne chanterai pas sous un nom fabuleux
    Les traits de celle qui m’est chère.
    Que d’autres sur un luth vulgaire,
    Usurpant, sans aimer, le langage amoureux,
    Célèbrent leur Thémire, invoquent leur Glycère ;
    Moi qui fuis, moi qui hais toute vaine chimère,
    Je ne chanterai pas sous ces noms fabuleux
    Les traits de celle qui m’est chère.

    Je...

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    « Seigneur, une Ame pure, innocente, ingénue,
    » Dans tes brillans parvis dernièrement venue,
    » Le croira-t-on jamais ? soupire et pleure encor !
    » Vainement, pour calmer son angoisse inconnue,
    » L’air se charge de myrrhe et des sons du Kinnor.

    » Tes dômes lumineux, tes auréoles vives,
    » Tes anges, de ta gloire étincelans convives,
    » Ne peuvent...

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    Pourquoi donc rougit la pucelle
    En face de l’adolescent ?
    Pourquoi ce rire languissant
    Et cette allure qui chancelle ?

    Qu’est-ce qui mouille l’étincelle
    De son beau regard innocent ?
    Pourquoi donc rougit la pucelle
    En face de l’adolescent ?

    Ce vermillon qui la harcèle
    Lui vient-il de l’âme ou du sang ?
    Est-ce un danger qu’...

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    JE veux que le matin l’ignore
    Le nom que j’ai dit à la nuit,
    Et qu’au vent de l’aube, sans bruit
    Comme une larme il s’évapore.

    Je veux que le jour le proclame
    L’amour qu’au matin j’ai caché,
    Et, sur mon cœur ouvert penché,
    Ainsi qu’un grain d’encens l’enflamme.

    Je veux que le couchant l’oublie
    Le secret que j’ai dit au jour
    ...

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    Il se passe entre le ciel et la terre,
    Beaucoup de choses que nous ne comprenons pas.

    Reconduit par l’Été sur son charge victoire,
    Le soleil inondait des torrents de sa gloire
    Et la terre et les cieux,
    Et moi, le cœur ouvert aux pensers les plus vastes,
    Aux rêves les plus doux des âmes les plus chastes,
    Je marchais radieux ;...

  • Ô nuit, ô belle nuit, pâle comme sa chair :
    Je rêve au passé mort, je rêve au passé clair...

    Je revois ta chair pâle, et rêve aux heures mortes,
    Où notre joie, où notre extase étaient si fortes !

    Le rossignol des nuits d'alors ne chante plus :
    Je songe à tes grands yeux qui m'étaient apparus.

    Et je songe à ta voix angéliquement tendre,
    Que...

  • Toi, pour qui les dieux du mystère
    Sont restés étrangers,
    J'ai vu ta mâne aux pieds légers,
    Descendre sous la terre,

    Comme en un songe où tu te vois
    A toi-même inconnue,
    Tu n'étais plus, - errante et nue, -
    Qu'une image sans voix ;

    Et la source, noire, où t'accueille
    Une fauve clarté ;
    Une étrange félicité,
    Un rosier qui s...

  • Un cor dans la plaine
    Souffle à perdre haleine,
    Un autre, du fond des bois,
    Lui répond ;
    L'un chante ton-taine
    Aux forêts prochaines,
    Et l'autre ton-ton
    Aux échos des monts.

    Celui de la plaine
    Sent gonfler ses veines,
    Ses veines du front ;
    Celui du bocage,
    En vérité, ménage
    Ses jolis poumons.

    - Où...