•                 KADIDJA.
    Au firmament sans étoile,
    La lune éteint ses rayons ;
    La nuit nous prête son voile.
            Fuyons ! fuyons !

                     AHMED.
    Ne crains-tu pas la colère
    De tes frères insolents,
    Le désespoir de ton père,
    De ton père aux sourcils blancs ?

                    KADIDJA...

  •  
    Les tentes de Laban dormaient dans la nuit bleue,
    Et dans Paddan-Aram, autour des puits déserts,
    Les taureaux abreuvés, se fouettant de leur queue,
    Aspiraient l’odeur chaude, éparse dans les airs.

    La lune étincelait. L’immobile silence
    Écrasait les enclos où quelque vieux pasteur,
    En sommeillant debout, appuyé sur sa lance,
    Parmi les buissons...

  •  
    Fuyant l’abri natal, Bethléem et la haine
    D’Hérodès inquiet et le meurtre ordonné,
    Ioseph de Nazareth vers l’Egypte lointaine
    A guidé Miryam avec le Nouveau-né.

    Ils ont franchi les mont », le désert de Syrie,
    Les gouffres de Péluse et les marais fiévreux
    Où le vent libyen, dans l’oasis flétrie,
    De souffles ignorés se parfumait pour eux.

    ...
  • X

    Une femme m'a dit ceci : ─ J'ai pris la fuite.
    Ma fille que j'avais au sein, toute petite,
    Criait, et j'avais peur qu'on n'entendît sa voix.
    Figurez-vous, c'était un enfant de deux mois ;
    Elle n'avait pas plus de force qu'une mouche.
    Mes baisers essayaient de lui fermer la bouche,
    Elle criait toujours ; hélas ! elle...

  • Sors de ta chrysalide, ô mon âme, voici
    L'Automne. Un long baiser du soleil a roussi
    Les étangs ; les lointains sont vermeils de feuillage,
    Le flexible arc-en-ciel a retenu l'orage
    Sur sa voûte où se fond la clarté d'un vitrail ;
    La brume des terrains rôde autour du bétail
    Et parfois le soleil que le brouillard efface
    Est rond comme la lune aux marges...

  • Ils fuient, ivres de meurtre et de rébellion,
    Vers le mont escarpé qui garde leur retraite ;
    La peur les précipite, ils sentent la mort prête
    Et flairent dans la nuit une odeur de lion.

    Ils franchissent, foulant l'hydre et le stellion,
    Ravins, torrents, halliers, sans que rien les arrête ;
    Et déjà, sur le ciel, se dresse au loin la crête
    De l'Ossa, de l...

  • Une femme m'a dit ceci : - J'ai pris la fuite.
    Ma fille que j'avais au sein, toute petite,
    Criait, et j'avais peur qu'on n'entendît sa voix.
    Figurez-vous, c'était un enfant de deux mois ;
    Elle n'avait pas plus de force qu'une mouche.
    Mes baisers essayaient de lui fermer la bouche,
    Elle criait toujours ; hélas ! elle râlait.
    Elle voulait téter, je n'...

  • Au poète Mérante

    I

    Ami, viens me rejoindre.
    Les bois sont innocents.
    Il est bon de voir poindre
    L'aube des paysans.

    Paris, morne et farouche,
    Pousse des hurlements
    Et se tord sous la douche
    Des noirs événements.

    Il revient, loi sinistre,
    Etrange état normal !
    A l'ennui par le cuistre
    Et par le...

  • Par les jardins anciens foulant la paix des cistes,
    Nous revenons errer, comme deux spectres tristes,
    Au seuil immaculé de la Villa d'antan.

    Gagnons les bords fanés du Passé. Dans les râles
    De sa joie il expire. Et vois comme pourtant
    Il se dresse sublime en ses robes spectrales.

    Ici sondons nos coeurs pavés de désespoirs.
    Sous les arbres cambrant...