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    Sur une traduction qu’il avait faite
    d’un poème anglais.

    COMME vous maniez le dur alexandrin,
    Maître ! Grand forgeron, dites, sur quelle enclume,
    Avec le merveilleux marteau de votre plume,
    Forgez-vous ces beaux vers souples, quoique d’airain ?

    Sans doute que Ronsard, l’ouvrier souverain,
    Lorsque pour le labeur sacré le feu s’...

  • Roi, le seul vrai roi de ce siècle, salut, Sire,
    Qui voulûtes mourir vengeant votre raison
    Des choses de la politique, et du délire
    De cette Science intruse dans la maison,

    De cette Science assassin de l’Oraison
    Et du Chant et de l’Art et de toute la Lyre,
    Et simplement et plein d’orgueil en floraison
    Tuâtes en mourant, salut, Roi, bravo, Sire !

    ...
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    O toi dont la science et le constant effort
    Ont si souvent vaincu la douleur et la mort,
    O cerveau puissant et fertile,
    De l’univers qui souffre obstiné bienfaiteur,
    Pardonne si ma voix interrompt, ô Pasteur,
    Un instant ton travail utile !

    Le genre humain te paye un tribut mérité.
    Pris dans un grand courant de générosité
    Que tout le...

  • III

                   

    Par votre ange envolée ainsi qu’une colombe !
    Par ce royal enfant, doux et frêle roseau !
    Grâce encore une fois ! grâce au nom de la tombe !
    Grâce au nom du berceau !

  • Louis, voici le temps de respirer les roses,
    Et d’ouvrir bruyamment les vitres longtemps closes ;
    Le temps d’admirer en rêvant
    Tout ce que la nature a de beautés divines
    Qui flottent sur les monts, les bois et les ravines
    Avec l’...

  • XXV

    EN PASSANT DANS LA PLACE LOUIS XV UN JOUR DE FÊTE PUBLIQUE

    — Allons, dit-elle, encor ! pourquoi ce front courbé ?
    Songeur, dans votre puits vous voilà retombé !
    À quoi bon pour...

  • Sur le balcon de fer du noir donjon de Loches,
    Monseigneur le dauphin Charles de France, en deuil,
    Dominant la Touraine immense d’un coup d’œil,
    Écoute dans le soir mourir le son des cloches.

    L’enfant captif envie, humble cœur sans orgueil,
    Ceux qu’il voit revenir des champs, portant leurs pioches,
    Et, flairant l’âcre odeur des potences trop proches,
    ...

  •                               I

    La foule au seuil d’un temple en priant est venue ;
    Mères, enfants, vieillards gémissent réunis ;
    Et l’airain qu’on balance ébranle dans la nue
          Les hauts clochers de Saint-Denis.
    Le sépulcre est troublé dans ses mornes ténèbres.
          La Mort de ces couches funèbres
          Resserre les rangs incomplets.
    ...

  • C’est adorable à voir les peintures exquises :
    Carnavals de Boucher et danses de Watteau,
    Silvains musqués, gothons à talon haut, marquises
    Et ducs, sous le loup noir gardant l’incognito ;

    Amants toujours heureux, beautés jamais avares,
    Peuplant de frais baisers les salles d’un château,
    Ou bien appareillant, en toilettes bizarres,
    Pour Cythère, sur...

  • Elle était riche de vingt ans,
    Moi j'étais jeune de vingt francs,
    Et nous fîmes bourse commune,
    Placée, à fond-perdu, dans une
    Infidèle nuit de printemps...

    La lune a fait un trou dedans,
    Rond comme un écu de cinq francs,
    Par où passa notre fortune :
    Vingt ans ! vingt francs !... et puis la lune
    En monnaie - hélas - les vingt francs
    En...