• Je ne veux plus lire de lettres,
    Sauf les lettres que le facteur
    Sera chargé de me remettre,
    Comme après tout on est le maître
    De lire tel ou tel auteur.

    Écoutez bien, gens de la ville :
    Montrer, avec ou sans motif,
    Lettre quelconque… est bien futile.
    Lettre toute autre est chose… utile
    Rarement portée à l’actif.

    Que le Duc d’...

  •         Hélas ! que voulez-vous de moi,
        Lettres d’amour, plaintes mystérieuses ?
    Vous dont j’ai repoussé longtemps avec effroi
            Les prières silencieuses,
    Vous m’appelez ... je rêve, et je cherche, en tremblant,
    Sur mon cœur, une clef qui jamais ne s’égare :
    D’un éclair l’intervalle à présent nous sépare ;
            Mais cet intervalle est...

  • Ami, vous m’avez dit que, par-delà les monts,
    Vous pensez tous les jours à moi ; nous nous aimons.
    Vous êtes mon cadet d’un peu plus d’une année,
    Mais nos âmes sont sœurs et la vôtre est l’aînée,
    La plus grave ; leurs goûts, leus dédains, leurs douceurs
    Se ressemblent, ainsi qu’il convient à des sœurs.
    Elles ont même joie et même inquiétude,
    Même...

  • . . . . . . Vous m’avez invité
    À passer sous ce toit des semaines d’été ;
    Et moi, pâle jeune homme accablé de la ville,
    Qui me chargeait de mal, j’ai dans ce coin tranquille

    Apporté, comme un pauvre, au rendez-vous du soir,
    Mon bâton, ma fatigue et mon faix de pain noir.
    Car aujourd’hui, sur tous les chemins de la France,
    Se rencontrent beaucoup de...

  • A mon désir, d'un fort singulier être
    Nouveaux écrits on m'a fait apparaître,
    Qui m'ont ravi, tant qu'il faut que par eux
    Aie liesse ou ennui langoureux :
    Pour l'un ou l'autre Amour si m'a fait naître.

    C'est par un coeur que du mien j'ai fait maître,
    Voyant en lui toutes vertus accroître :
    Et ne crains, fors qu'il soit trop rigoureux
    A mon désir....

  • Ô mes lettres d'amour, de vertu, de jeunesse,
    C'est donc vous ! Je m'enivre encore à votre ivresse ;
    Je vous lis à genoux.
    Souffrez que pour un jour je reprenne votre âge !
    Laissez-moi me cacher, moi, l'heureux et le sage,
    Pour pleurer avec vous !

    J'avais donc dix-huit ans ! j'étais donc plein de songes !
    L'espérance en chantant me berçait de mensonges...

  • Sonnet

    Serf de Faveur, esclave d'Avarice,
    Tu n'eus jamais sur toi-même pouvoir,
    Et je me veux d'un tel maître pourvoir
    Que l'Esprit libre en plaisir se nourrisse.

    L'Air, la Fortune et l'humaine Police
    Ont en leurs mains ton malheureux avoir.
    Le Juge avare ici n'a rien à voir,
    Ni les trois Soeurs, ni du Temps la malice,

    Regarde...