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    LE POÈTE

    Oui, le reproche est juste, et je sens qu'à mes vers
    La rime vient toujours se coudre de travers.
    ...

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    Son âge échappait à l’enfance ;
    Riante comme l’innocence,
    Elle avait les traits de l’Amour.
    Quelques mois, quelques jours encore,
    Dans ce cœur pur et sans détour
    Le sentiment allait éclore.
    Mais le ciel avait au trépas
    Condamné ses jeunes appas.
    Au ciel elle a rendu sa vie,
    Et doucement s’est endormie
    Sans murmurer contre ses...

  • Que le bonheur arrive lentement !
    Que le bonheur s'éloigne avec vitesse !
    Durant le cours de ma triste jeunesse
    Si j'ai vécu, ce ne fut qu'un moment.
    Je suis puni de ce moment d'ivresse.
    L'espoir qui trompe a toujours sa douceur,
    Et dans nos maux du moins il nous console ;
    Mais loin de moi l'illusion s'envole,
    Et l'espérance est morte dans mon...

  • Naissez, mes vers, soulagez mes douleurs,
    Et sans effort coulez avec mes pleurs.

    Voici d'Emma la tombe solitaire,
    Voici l'asile où dorment les vertus.
    Charmante Emma ! tu passas sur la terre
    Comme un éclair qui brille et qui n'est plus.
    J'ai vu la mort dans une ombre soudaine
    Envelopper l'aurore de tes jours ;
    Et tes beaux yeux se fermant...

  • Calme des sens, paisible indifférence,
    Léger sommeil d'un coeur tranquillisé,
    Descends du ciel ; éprouve ta puissance
    Sur un amant trop long-temps abusé.
    Mène avec toi l'heureuse insouciance,
    Les plaisirs purs qu'autrefois j'ai connus,
    Et le repos que je ne trouve plus
    Mène surtout l'amitié consolante
    Qui s'enfuyait à l'aspect des amours,
    ...

  • Rappelez-vous ces jours heureux,
    Où mon coeur crédule et sincère
    Vous présenta ses premiers voeux.
    Combien alors vous m'étiez chère !
    Quels transports ! quel égarement !
    Jamais on ne parut si belle
    Aux yeux enchantés d'un amant ;
    Jamais un objet infidèle
    Ne fut aimé plus tendrement.
    Le temps sut vous rendre volage ;
    Le temps a su m'en...

  • Oranger, dont la voûte épaisse
    Servit à cacher nos amours,
    Reçois et conserve toujours
    Ces vers, enfants de ma tendresse ;
    Et dis à ceux qu'un doux loisir
    Amènera dans ce bocage,
    Que si l'on mourait de plaisir,
    Je serais mort sous ton ombrage.

  • À Éléonore.

    Enfin, ma chère Éléonore,
    Tu l'as connu ce péché si charmant,
    Que tu craignais, même en le désirant ;
    En le goûtant, tu le craignais encore.
    Eh bien ! dis-moi : qu'a-t-il donc d'effrayant ?
    Que laisse-t-il après lui dans ton âme ?
    Un léger trouble, un tendre souvenir,
    L'étonnement de sa nouvelle flamme,
    Un doux regret, et surtout...

  • Rions, chantons, ô mes amis,
    Occupons-nous à ne rien faire,
    Laissons murmurer le vulgaire,
    Le plaisir est toujours permis.
    Que notre existence légère
    S'évanouisse dans les jeux.
    Vivons pour nous, soyons heureux,
    N'importe de quelle manière.
    Un jour il faudra nous courber
    Sous la main du temps qui nous presse ;
    Mais jouissons dans la...

  • Déjà la nuit s'avance, et, du sombre orient,
    Ses voiles par degrés dans les airs se déploient.
    Sommeil, doux abandon, image du néant,
    Des maux de l'existence heureux délassement,
    Tranquille oubli des soins où les hommes se noient ;
    Et vous, qui nous rendez à nos plaisirs passés,
    Touchante Illusion, déesse des mensonges,
    Venez dans mon asile, et sur mes...