Rappelez-vous ces jours heureux,
Où mon coeur crédule et sincère
Vous présenta ses premiers voeux.
Combien alors vous m'étiez chère !
Quels transports ! quel égarement !
Jamais on ne parut si belle
Aux yeux enchantés d'un amant ;
Jamais un objet infidèle
Ne fut aimé plus tendrement.
Le temps sut vous rendre volage ;
Le temps a su m'en consoler.
Pour jamais j'ai vu s'envoler
Cet amour qui fut votre ouvrage :
Cessez donc de le rappeler.
De mon silence en vain surprise,
Vous semblez revenir à moi ;
Vous réclamez en vain la foi
Qu'à la vôtre j'avais promise :
Grâce à votre légèreté,
J'ai perdu la crédulité
Qui pouvait seule vous la rendre.
L'on n'est bien trompé qu'une fois.
De l'illusion, je le vois,
Le bandeau ne peut se reprendre.
Échappé d'un piège menteur,
L'habitant ailé du bocage
Reconnaît et fuit l'esclavage
Que lui présente l'oiseleur.
Il est trop tard
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Apprenez, ma belle,
Qu'à minuit sonnant,
Une main fidèle,
Une main d'amant,
Ira doucement,
Se glissant dans l'ombre,
Tourner les verrous
Qui dès la nuit sombre,
Sont tirés sur vous.
Apprenez encore
Qu'un amant abhorre
Tout voile... -
Le sommeil a touché ses yeux ;
Sous des pavots délicieux
Ils se ferment, et son coeur veille.
A l'erreur ses sens sont livrés.
Sur son visage par degrés
La rose devient plus vermeille ;
Sa main semble éloigner quelqu'un :
Sur le duvet elle s'agite ;... -
D'un air languissant et rêveur
Justine a repris son ouvrage ;
Elle brode ; mais le bonheur
Laissa sur son joli visage
L'étonnement et la pâleur.
Ses yeux qui se couvrent d'un voile
Au sommeil résistent en vain ;
Sa main s'arrête sur la toile,
Et... -
Toujours le malheureux t'appelle,
Ô nuit, favorable aux chagrins !
Viens donc, et, porte sur ton aile
L'oubli des perfides humains.
Voile ma douleur solitaire ;
Et, lorsque la main du Sommeil
Fermera ma triste paupière,
Ô dieux ! reculez mon réveil ;... -
Déjà la nuit s'avance, et, du sombre orient,
Ses voiles par degrés dans les airs se déploient.
Sommeil, doux abandon, image du néant,
Des maux de l'existence heureux délassement,
Tranquille oubli des soins où les hommes se noient ;
Et vous, qui nous rendez à nos...