• Quoique tes sourcils méchants
    Te donnent un air étrange
    Qui n'est pas celui d'un ange,
    Sorcière aux yeux alléchants,

    Je t'adore, ô ma frivole,
    Ma terrible passion !
    Avec la dévotion
    Du prêtre pour son idole.

    Le désert et la forêt
    Embaument tes tresses rudes,
    Ta tête a les attitudes
    De l'énigme et du secret.

    Sur ta...

  • Hier après dîner, trois heures environ,
    Je surpris en dormant dans sa chambre m'amie.
    La perleuse sueur de sa face endormie
    Allait le long du sein roulante en son giron.

    Cupidon l'éventait avec son aileron,
    Son sein et sa poitrine était nue à demie,
    Tellement qu'on voyait sur sa glace affermie
    Ainsi qu'un mont de lait son tétin ferme et rond....

  • C'était un grand bois calme aux troncs baignés d'azur.
    Une tête d'angoisse aux yeux d'illuminée
    Flambants et bleus, pensive et de pleurs ravinée,
    S'y dressait, fleur de songe, au fond du clair-obscur.

    Tête de sainte errante ou de suppliciée ...
    Une énorme couronne au bois piquant et dur,
    La couronne du Christ étreignait ce front pur
    Et doux,...

  • Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
    Je me suis promené dans le petit jardin
    Qu'éclairait doucement le soleil du matin,
    Pailletant chaque fleur d'une humide étincelle.

    Rien n'a changé. J'ai tout revu : l'humble tonnelle
    De vigne folle avec les chaises de rotin...
    Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin
    Et le vieux tremble sa plainte...

  • Ce soir après la pluie est doux ; soir de septembre
    Si doux qu'on en voudrait pleurer, si plein d'abeilles
    Qu'on fuit tout défaillant la pénombre des chambres.
    C'est un soir de septembre un peu triste, et c'est veille
    De dimanche, et c'est l'heure ou ceux de la maison
    Viennent s'asseoir parmi les roses du perron.
    C'est un soir de septembre et veille de...

  • Le tiède après-midi paisible de septembre
    Languit sous un ciel gris, mélancolique et tendre,
    Pareil aux derniers jours d'un amour qui s'achève.
    Après les longs et vains et douloureux voyages,
    Le solitaire, ouvrant sans bruit la grille basse,
    Rentre ce soir dans le logis de sa jeunesse.

    Ah ! comme tout est lourd, comme tout sent l'automne !
    Comme...

  • Un des consuls tué, l'autre fuit vers Linterne
    Ou Venuse. L'Aufide a débordé, trop plein
    De morts et d'armes. La foudre au Capitolin
    Tombe, le bronze sue et le ciel rouge est terne.

    En vain le Grand Pontife a fait un lectisterne
    Et consulté deux fois l'oracle sibyllin ;
    D'un long sanglot l'aïeul, la veuve, l'orphelin
    Emplissent Rome en deuil que...

  • L'âpre rugissement de la mer pleine d'ombres,
    Cette nuit-là, grondait au fond des gorges noires,
    Et tout échevelés, comme des spectres sombres,
    De grands brouillards couraient le long des promontoires.

    Le vent hurleur rompait en convulsives masses
    Et sur les pics aigus éventrait les ténèbres,
    Ivre, emportant par bonds dans les lames voraces
    Les bandes...

  • Après qu'un temps la grêle et le tonnerre
    Ont le haut mont de Caucase battu,
    Le beau jour vient, de lueur revêtu.
    Quand Phébus a son cerne fait en terre,

    Et l'Océan il regagne à grand'erre ;
    Sa soeur se montre avec son chef pointu.
    Quand quelque temps le Parthe a combattu,
    Il prend la fuite et son arc il desserre.

    Un temps t'ai vu et consolé...

  • Las ! tant malheureuse je suis,
    Que mon malheur dire ne puis,
    Sinon qu'il est sans espérance :
    Désespoir est déjà à l'huis
    Pour me jeter au fond du puits
    Où n'a d'en saillir apparence.

    Tant de larmes jettent mes yeux
    Qu'ils ne voient terre ni cieux,
    Telle est de leur pleur abondance.
    Ma bouche se plaint en tous lieux,
    De mon coeur...