• L'ange de l'étoile du matin
    Descendit en son jardin
    Et s'approchant d'Elle :

    " Viens, lui dit-il, je te montrerai
    Les beaux vallons et les bois secrets
    Où vivent encore, en d'autres rêves,
    Les esprits subtils
    De la terre. "

    Elle étendit le bras, et rit,
    Regardant entre ses cils
    L'ange en flamme dans le soleil,
    Et le...

  • C'est le premier matin du monde.
    Comme une fleur confuse exhalée de la nuit,
    Au souffle nouveau qui se lève des ondes,
    Un jardin bleu s'épanouit.

    Tout s'y confond encore et tout s'y mêle,
    Frissons de feuilles, chants d'oiseaux,
    Glissements d'ailes,
    Sources qui sourdent, voix des airs, voix des eaux,
    Murmure immense,
    Et qui pourtant est du...

  • La voix qui sous les feuilles profondes chantait là,
    Cette nuit, qu'une inquiète et tendre âme exhala,
    Voilant de son sourire sa frêle grâce atteinte,
    S'en est allée avec cette âme qui s'est éteinte.
    Son mystérieux frisson dans l'aurore a passé.
    Elle parlait d'Enfance, d'Ailleurs et du Passé.
    C'était une voix d'ombre : maintenant elle est morte,
    Et...

  • À Mademoiselle Marguerite Coutanseau.

    La neige tombe en paix sur Paris qui sommeille,
    De sa robe d'hiver à minuit s'affublant.
    Quand la ville surprise au grand jour se réveille,
    Fins clochers, dômes ronds, palais vieux, tout est blanc.

    Moins rudes sont les froids, et la Seine charrie :
    D'énormes blocs de glace aux longs reflets vitreux
    ...

  • Et la première est d'un matin
    Dit tout en bleu, dit tout en blanc,
    Et la première est d'un matin
    Ici pour le commencement,

    De paix d'abord, cloches sonnant,
    Et Flandre étant - Vive la Rose -
    Douce à chacun à sa façon,
    Suivant son bien, suivant ses choses.

    Or Mai mettant les fleurs en cause,
    Et la première est d'un matin,
    Or...

  • La diane chantait dans les cours des casernes,
    Et le vent du matin soufflait sur les lanternes.

    C'était l'heure où l'essaim des rêves malfaisants
    Tord sur leurs oreillers les bruns adolescents ;
    Où, comme un oeil sanglant qui palpite et qui bouge,
    La lampe sur le jour fait une tache rouge ;
    Où l'âme, sous le poids du corps revêche et lourd,
    Imite les...

  • A quatre heures du matin, l'été,
    Le sommeil d'amour dure encore.
    Sous les bosquets l'aube évapore
    L'odeur du soir fêté.

    Mais là-bas dans l'immense chantier
    Vers le soleil des Hespérides,
    En bras de chemise, les charpentiers
    Déjà s'agitent.

    Dans leur désert de mousse, tranquilles,
    Ils préparent les lambris précieux
    Où la richesse de...

  • En guise d'arc en ciel, le dimanche matin,
    Neufiesme jour d'octobre apparut une dame :
    Son oeil estoit si clair que de sa vive flame,
    Il eut pu faire fondre un roc diamantin.

    Tout le peuple flechit son courage mutin
    Esprit de grand' merveille, et jetta l'oeil et l'ame
    Bien hautement en l'air ou l'horison s'enflamme,
    De ceste impression que formoit...

  • C'est l'heure exquise et matinale
    Que rougit un soleil soudain.
    A travers la brume automnale
    Tombent les feuilles du jardin.

    Leur chute est lente. Ou peut les suivre
    Du regard en reconnaissant
    Le chêne à sa feuille de cuivre,
    L'érable à sa feuille de sang.

    Les dernières, les plus rouillées,
    Tombent des branches dépouillées :
    ...

  • L'ombre s'évapore,
    Et déjà l'aurore
    De ses rayons dore
    Les toits d'alentour ;
    Les lampes pâlissent,
    Les maisons blanchissent,
    Les marchés s'emplissent
    On a vu le jour.

    De la Villette,
    Dans sa charrette,
    Suzon brouette
    Ses fleurs sur le quai,
    Et de Vincenne
    Gros Pierre amène
    Ses fruits que traîne
    Un âne...