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    SALUT, César ! Pour toi les pâles Destinées
    Comptent-elles les jours, les mois ou les années ?
    Pour un brave la mort n’est rien :
    Tu l’affrontas jadis sur les champs de carnage ;
    A présent, tu l’attends sans peur, étant un sage.
    Tu te meurs, ― et tu le sais bien.

    Certes, des caps bretons au fond des steppes russes,
    Tous les...

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    Quand sous l’arc triomphal où s’inscrivent nos gloires
    Passait le sombre char couronné de victoires
                 Aux longues ailes d’or,
    Et qu’enfin Sainte-Hélène, après tant de souffrance,
    Délivrait la grande ombre et rendait à la France
                 Son funèbre trésor,

    Un rêveur, un captif, derrière ses murailles,
    Triste de ne pouvoir, aux...

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    Sur des bancs de bois, dans la basse taverne sombre,
    Où le jour pénètre à travers les vitres sales,
    Autour de longues tables, était assise, triste,
    Une bande errante, faces assombries,
    Enfants pauvres et sceptiques de la plèbe prolétaire.

    Ah ! s’exclamait l’un, vous dites que l’homme est une lumière
    Sur ce monde plein d’amertumes et de torture ?...

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    À Paul Lelièvre.

    En mil huit cent trente-un, au début du printemps,
    Son Altesse le duc de Reichstadt eut vingt ans.
    Parfois on trouve encor quelqu’un qui se souvienne
    De l’avoir vu passer sur le Prater, à Vienne,
    Et qui vous contera qu’il était sans rival
    Pour faire parader et volter un cheval.
    En uniforme blanc, des...

  • Lorsque l’empereur qui devait renoncer à la souveraineté
    Reçut le message, il prenait le thé
    Dans la chambre des femmes, près de son marcassin.
    Il porta la main gauche au-dessus de son sein
    Et prononça tout bas, avec beaucoup de zèle,
    Des paroles embarrassées et immortelles :
    « J’ai mal écrit les lois, il faut les arranger,
    Voici qu’...

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    Après la dernière bataille,
    Quand, formidables et béants,
    Six cents canons sous la mitraille
    Eurent écrasé les géants ;
    Dans ces jours où caisson qui roule,
    Blessés, chevaux, fuyaient en foule,
    Où l’on vit choir l’aigle indompté,
    Et, dans le bruit et la fumée,
    Sous l’écroulement d’une armée,
    Plier Paris épouvanté ;

    Quand la...

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    Pax et Robur.

    Très illustre Empereur, fils d’Alexandre Trois !
    La France, pour fêter ta grande bienvenue,
    Dans la langue des Dieux par ma voix te salue,
    Car le poète seul peut tutoyer les rois.

    Et Vous, qui près de Lui, Madame, à cette fête
    Pouviez seule donner la suprême beauté,
    Souffrez que je salue en Votre Majesté
    La...

  • L'un s'est veu pris, non plusieurs fois, mais une,
    En plain conflit, faisant aspres effortz ;
    L'autre deux foizs n'a eu courage, fors
    Fuyr de nuyct, sans craindre honte aucune.

    L'un fut en camp, exemple de fortune ;
    L'autre ung patron de vrays actes tres ords.
    L'un par sa prise a perdu des tresors ;
    L'autre l'honneur, trop plus cher que pecune....