Accoudés sur la table et déjà noyés d’ombre,
Du haut de la terrasse à pic sur la mer sombre,
Les amants, écoutant l’éternelle rumeur,
Se taisent, recueillis devant le soir qui meurt.
Alcis songe, immobile et la tête penchée.
Canope avec lenteur de lui s’est rapprochée
Et, lasse, à son épaule a laissé doucement
Comme un fardeau trop lourd...
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Amymone en ses bras a pris sa tourterelle,
Et, la serrant toujours plus doucement contre elle,
Se plaît à voir l’oiseau, docile à son désir,
Entre ses jeunes seins roucouler de plaisir.
Même elle veut encor que son bec moins farouche
Cueille les grains posés sur le bord de sa bouche,
Puis, inclinant la joue au plumage neigeux,
Et, toujours plus... -
— Naïs, je ne vois plus la couleur de tes bagues...
— Lydé, je ne vois plus les cygnes sur les vagues...
— Naïs, n’entends-tu pas la flûte des bergers ?
— Lydé, ne sens-tu pas l’odeur des orangers ?
— D’où vient qu’en moi, Naïs, monte un frisson amer
À regarder mourir le soleil sur la mer ?
— D’où vient ainsi, Lydé, qu’en frémissant j’écoute
Le... -
Au vent frais du matin frissonne l’herbe fine ;
Une vapeur légère aux flancs de la colline
Flotte ; et dans les taillis d’arbre en arbre croisés
Brillent,, encore intacts, de longs fils irisés.
Près d’une onde ridée aux brises matinales,
Xanthis, ayant quitté sa robe et ses sandales,
D’un bras s’appuie au tronc flexible d’un bouleau,
Et,... -
Dans l'air frais du matin où s'effare la feuille,
Dans la jeune clarté des jours roses et bleus,
Dans la nuit solennelle et pure où se recueille
L'âme présente encor des bergers fabuleux,
Dans le cristal des eaux, dans le velours des mousses
Dans l'innocence en fleur des jardins radieux,
Dans le concert que font toutes les choses douces,
Je retrouve,... -
Une douceur splendide et sombre
Flotte sous le ciel étoilé
On dirait que là-haut, dans l?ombre
Un paradis s?est écroulé.
Et c?est comme l?odeur ardente,
L?odeur fiévreuse dans l?air noir,
D?une chevelure d?amante
Dénouée à travers le soir.
Tout l?espace languit de fièvres.
Du fond des coeurs mystérieux
S?en viennent mourir sur les... -
Ô nuit magicienne, ô douce, ô solitaire,
Le paysage avec sa flûte de roseau
T?accueille ; et tes pieds nus posés sur le coteau
Font tressaillir le coeur fatigué de la terre.
Laissant fuir de ses doigts sa guirlande de fleurs,
Voici qu?en tes bras frais s?endort le soir qui rêve.
L?âme, veule au soleil, frissonne, se soulève,
Et tord sa chevelure à la... -
Vers l'archipel limpide, où se mirent les Iles,
L'Hermaphrodite nu, le front ceint de jasmin,
Épuise ses yeux verts en un rêve sans fin ;
Et sa souplesse torse empruntée aux reptiles,
Sa cambrure élastique, et ses seins érectiles
Suscitent le désir de l'impossible hymen.
Et c'est le monstre éclos, exquis et surhumain,
Au ciel supérieur des formes... -
Vague et noyée au fond du brouillard hiémal,
Mon âme est un manoir dont les vitres sont closes,
Ce soir, l'ennui visqueux suinte au long des choses,
Et je titube au mur obscur de l'animal.
Ma pensée ivre, avec ses retours obsédants
S'affole et tombe ainsi qu'une danseuse soûle ;
Et je sens plus amer, à regarder la foule,
Le dégoût d'exister qui me... -
Quand je suis à tes pieds, comme un fidèle au temple
Immobile et pieux, quand fervent je contemple
Ta bouche exquise ou flotte un sourire adoré,
Tes cheveux blonds luisant comme un casque doré,
Tes yeux penchés d?où tombe une douceur câline,
Ton cou svelte émergeant d?un flot de mousseline,
L?ombre de tes longs cils sur ta joue et tes seins
Où mes baisers...