Vague et noyée ...

Vague et noyée au fond du brouillard hiémal,
Mon âme est un manoir dont les vitres sont closes,
Ce soir, l'ennui visqueux suinte au long des choses,
Et je titube au mur obscur de l'animal.

Ma pensée ivre, avec ses retours obsédants
S'affole et tombe ainsi qu'une danseuse soûle ;
Et je sens plus amer, à regarder la foule,
Le dégoût d'exister qui me remonte aux dents.

Un lugubre hibou tournoie en mon front vide ;
Mon coeur sous les rameaux d'un silence torpide
S'endort comme un marais violâtre et fiévreux.

Et toujours, à travers mes yeux, vitres bizarres,
Je vois - vers l'Orient étouffant et cuivreux -
Des cités d'or nager dans des couchants barbares.

Collection: 
1879

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En juillet, quand midi fait éclater les roses,
Comme un vin dévorant boire l?air irrité,
Et, tout entier brûlant des fureurs de l?été,
Abîmer son coeur ivre au gouffre ardent des choses.

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En un soir diaphane où défaillent des fleurs.

La lune y fait rêver ses pâleurs infinies ;
L'aurore en son cristal baigne...

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L'horizon désastreux où la vieille arche flotte ;
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Croisant ses bras transis sur son coeur ingénu.

Depuis mille et mille ans pareils, le soir venu,
L'Ame assise à la barre,...

Oh ! Écoute la symphonie ;
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D'une langueur la nuit s'enivre,
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Du monotone effort de vivre
Se meurt d'un trépas langoureux.

...

Les désespoirs sont morts, et mortes les douleurs.
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