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    Il faisait gris dans ma demeure
    J’ai dit : « Dehors luit le soleil,
    Mon âme a besoin à cette heure
    De clartés et d’éclats vermeil ! »

    Il faisait triste dans la plaine ;
    J’ai dit : « Quittons l’obscurité ! »
    Et sur la sommité lointaine
    Avec espoir je suis monté.

    La montagne était pleine d’ombre ;
    J’ai dit : « Fuyons dans l’infini...

  • Ô rare invention où mon cœur se complaît,
    S’attendrit et se pâme !
    Un journal qui devient un aliment complet
    Pour le corps, sinon l’âme !

    Un papier comestible et digestible, enfin !
    ...


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  • Me voici... je respire à peine !
    Une feuille m’intimidait ;
    Le bruit du ruisseau m’alarmait ;
    ...

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    La France est blanche comme un lis,
    Le front ceint de grises verveines ;
    Dans le massacre de ses fils,
    Le sang a coulé de ses veines ;
    Ses genoux se sont affaissés
    Dans une longue défaillance.
    O Niobé des temps passés,
    Viens voir la douleur de la France !

    Offrons à Dieu le sang des morts
    De cette terrible hécatombe,
    Et que la...

  • Lorsque l’été flambant brûle la ville lasse,
    Et le peuple pointu des toits capricieux,
    Le vieux gardien du vieux beffroi suit de ses yeux
    L’ombre lente qui fait le tour de la grand’place.

    Et c’est d’abord, au jour levé,
    Les trois pignons des Trois Rois Mages,
    Laissant flotter leur triple image
    Sur les bosses du lourd pavé.

    Vers dix heures, c’...

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    Eugène, puisque Juin, le plus feuillu des mois,
    Est de retour, veux-tu tous deux aller au bois ?
    Ensemble et seuls, veux-tu, sous l’épaisse ramure,
    Prendre un long bain de calme, et d’ombre, et de verdure ?
    Viens-t-en sous la forêt de Meudon ou d’Auteuil
    Ouïr gaîment siffler le merle et le bouvreuil.
    Vois, ami, le beau ciel ! la belle matinée !...

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    Ami, l’onde est plus douce, et le vent à nos voiles
    Porte les frais parfums de la verte saison.
    Le sol berce les fleurs, l’eau berce les étoiles ;
    Voyez jouer la vague et fleurir le gazon.

    L’hiver au ciel de neige, aux jours gris et moroses,
    Descend, triste vieillard, dans le sombre tombeau ;
    Et la brise a baigné son aile au sein des roses,
    ...

  • Au long des cours, des impasses et des venelles

    Des vieux quartiers retraits,
    La pluie
    Semble à jamais

    Chez elle.

    Elle y tombe depuis novembre,

    Continûment, à petit bruit,
    Elle y tombe, le jour, la nuit ;
    Et nul ne sait quand elle aura fini
    De...

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    Jadis je logeais haut, tout contre la gouttière :
    Tapi souvent à ma fenêtre en tabatière,
    Rêvant à ma misère, à tant d’affronts subis,
    J’écoutais les marchands de légumes, d’habits :
    Et les tuyaux des toits, chefs-d’œuvre des fumistes,
    Rayaient de noir le fond de mes grands yeux si tristes,
    J’entendais quelquefois un doux bruit de grelots,
    Et...