• Je me souviens d’une contrée
    Que j’ai visitée autrefois.
    Comme au jour qu’elle s’est montrée
    À mes yeux, encor je la vois.

    Elle était parfumée et verte,
    Y chantaient que d’oiseaux siffleurs !
    Et de ciel bleu toute couverte
    Elle se pâmait sous les fleurs.

    Sans doute pour la faire éclore...

  •  
    À Madame X.

    À vous dont les cheveux de neige et de clarté
    Encadrent doucement la figure indulgente,
    — Ainsi dans les grands bois un vieux chêne s’argente
    Des fils blancs de la Vierge à la fin de l’été,

    À vous l’ancienne, à vous la bonne, à vous la seule
    Pour qui j’ai de ma vie entr’ouvert les rideaux,
    A vous dont l’âme...

  • Quoi ! vous qui demeuriez sans voix
    Devant un couplet trop grivois,
    Vous si prude, mademoiselle,
    C’est vous qui me donnez… Ah ! Dieu !
    Peut-on tricher à si beau jeu ?
    J’ai gagné la…
    La prime à ce jeu-là,
    Et pourtant Rose est presque fidèle.

    L’un de mes frères les rimeurs
    M’aurait-il soufflé ses primeurs ?
    Il n’est plus de muse...

  •  
    Long-temps monarque heureux, père, époux adoré,
    De l'Orient soumis Job reçut les hommages :
    Nul monarque jamais, de sa gloire entouré,
    Ne vit autant de jours se lever sans nuages.
    L'infortune eut son tour : mille fléaux divers
    Au sein de ses états confondent leurs ravages ;
    La guerre, au vol sanglant, plane sur ses rivages ;
    La famine la suit...

  • I

     
    Ô douce voix de la faiblesse,
    Comme au cœur le plus dur vous entrez sans effort !
    Honte à qui vous entend et lâchement s’endort !
    Pour l’enfance pitié ! pitié pour la vieillesse !
    Le fort cache souvent l’épine qui le blesse ;
    Hélas ! pitié pour le plus fort !

    — « Vous étiez sans pain, sans asile,
    « Quand sur la...

  • Doux nom de mon bonheur, si je pouvais inscrire
    Un chiffre ineffaçable au socle de ma lyre,
    C’est le tien que mon cœur écrirait avant moi,
    Ce nom où vit ma vie et qui double mon âme !
    Mais, pour lui conserver sa chaste ombre de femme
          Je ne l’écrirais que pour toi.

    Lit d’ombrage et de fleurs où l’onde de ma vie
    Coule secrètement, coule à demi...

  •  

    On eût dit que la mort avait fermé le livre ;
    Mais sa force à ce coup l’avait laissé survivre ;
    Et ce fut, je présume, à peu près vers ce temps
    Que je fis sa rencontre à la fin du printemps,
    Qu’un premier entretien confondit nos deux âmes,
    Et que, du premier jour, tous deux nous nous aimâmes.
    Depuis ce moment-là jusqu’à ses cheveux blancs,
    À...

  •  

    Paris, 16 septembre 1800.

    J’ai ramené ma sœur aux bras de son époux.
    Que ce retour fut triste, et pourtant qu’il fut doux !
    Comme ces beaux enfants, sur ces genoux de femme,
    Des larmes au bonheur faisaient flotter cette âme !
    Sous la morne couleur de sa robe de deuil,
    Que de joie en son sein, d’amour dans son coup d’oeil !
    Dans...

  •  

    Là, sans doute la mort avait fermé le livre.
    Je voulus engager la servante à me suivre,
    Elle me répondit en me montrant du doigt
    L'arbuste enraciné dans les fentes du toit :
    « A ces murs, comme lui, ma vie a pris racine,
    On me laissera bien vieillir sous ces ruines.
    Qu'est-ce qui soignerait ce seuil abandonné ?
    On m'y rapportera le pain que j...