Jocelyn/À Maria-Anna-Éliza

Doux nom de mon bonheur, si je pouvais inscrire
Un chiffre ineffaçable au socle de ma lyre,
C’est le tien que mon cœur écrirait avant moi,
Ce nom où vit ma vie et qui double mon âme !
Mais, pour lui conserver sa chaste ombre de femme
      Je ne l’écrirais que pour toi.

Lit d’ombrage et de fleurs où l’onde de ma vie
Coule secrètement, coule à demi tarie,
Dont les bords trop souvent sont attristés par moi,
Si quelque pan du ciel par moment s’y dévoile,
Si quelque flot y chante en roulant une étoile,
      Que ce murmure monte à toi !

Abri dans la tourmente où l’arbre du poète
Sous un ciel déjà sombre obscurément végète,
Et d’où la sève monte et coule encore en moi,
Si quelque vert débris de ma pâle couronne
Refleurit aux rameaux et tombe aux vents d’automne,
      Que ces feuilles tombent sur toi !

Janvier 1836.

Collection: 
1810

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