• I

    J'étais le vieux rôdeur sauvage de la mer,
    Une espèce de spectre au bord du gouffre amer ;
    J'avais dans l'âpre hiver, dans le vent, dans le givre,
    Dans l'orage, l'écume et l'ombre, émit un livre,
    Dont l'ouragan, noir souffle aux ordres du banni,
    Tournait chaque feuillet quand je l'avais fini ;
    Je n'avais rien en moi que l...

  • J’étais monté plus haut que l’aigle et le nuage :
    Sous mes pieds s’étendait un vaste paysage,
    Cerclé d’un double azur par le ciel et la mer,
    Et les crânes pelés des montagnes géantes
    En foule jaillissaient des profondeurs béantes,
    Comme de blancs écueils sortant du gouffre amer.

    C’était un vaste amas d’éboulements énormes,
    Des rochers grimaçant dans...

  • De loin, j’apercevais comme une forme humaine,
    Noire et gesticulant d’une étrange façon,
    En marchant au milieu de l’eau. — J’eus le frisson :
    La mort s’offrait là-bas à quelque veuve en peine…

    Et, longeant la rivière à travers le brouillard,
    Je courais, pour tâcher de sauver le pauvre être,
    Lorsqu’au lieu d’une femme en deuil, je vis un prêtre
    Pêchant...

  •  
    I

    Dans les villes de nord et de mysticité
    Il y a des jets d’eau doucement invisibles
    Au bruit calme, de temps en temps ressuscité,
    Et frais comme le nom des ruisseaux dans la Bible.

    Vieilles villes qui sont un moment rafraîchies
    Par ces colonnes de cristal éblouissant
    Avec des chapiteaux de givre, s’élançant ;
    Et les villes sans joie...

  • C’est le soir, le couchant allumant ses fournaises
    Semble un fondeur penché qui ravive des braises ;
    Comme un bouclier d'or à la forge rougi,
    Par un brouillard sanglant le soleil élargi
    Plonge dans un amas de nuages étranges
    Qui font traîner sur l’eau la pourpre de leurs franges.
    Le rivage est désert ; — pour tout bruit l’on entend
    La respiration du...

  •  
    I

    Reprends ta robe d’or, ceins ton riche bandeau,
    Jeune et divine poésie :
    Quoique ces temps d’orage éclipsent, ton flambeau,
    Aux lèvres de David, roi du savant pinceau,
    Porte la coupe d’ambroisie.
    La patrie, à son art indiquant nos beaux jours,
    A confirmé mes antiques discours :
    Quand je lui répétais que la liberté mâle
    Des arts...

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    LE JEUNE CHACTAS.

    Viens, nakfè taloa, viens dans mon Territoire,
    Dans l’Ultima Thulé, construire un oratoire ;
    Parmi les Chérokis, les Criks, les Chîkassas,
    Au milieu des Chactas qui bordent l’Arkansas,
    Viens nakfé taloa ; chantre au pâle visage,
    Pour nous civiliser, viens te faire Sauvage !
    Viens...

  •  
    De Messène au cercueil fille auguste et plaintive,
    Muse des grands revers et des nobles douleurs,
    Désertant ton berceau, tu pleuras nos malheurs ;
    Comme la Grèce alors la France était captive...
    De Messène au cercueil fille auguste et plaintive,
    Reviens sur ton berceau, reviens verser des pleurs.

    Entre le mont évan et le cap de Ténare,
    La mer...

  • Dites, que voulez-vous que jeune ménagère
    Puisse faire d’un vieux dans le nœud conjugal .
    Maudit soit donc l’argent qui te poussa ma mère
         À vendre te Jenny . . . . . pour du métal !

    Du matin jusqu’au soir il se plaint, et sans cesse,
    Il tousse, il tousse, il tousse, et de plus est boiteux,
    Il n’en peut plus, son sang est figé de vieillesse,
        ...

  •  
    J’errais aux campagnes de Rome,
    Et, promenant au loin mes pas silencieux,
    Je lisais le néant de l’homme
    Écrit de toutes parts sur ce sol glorieux.

    ...