• Hôtes des jeunes cœurs, beaux enfants des Génies,
    Allez jouer plus loin, allez sourire ailleurs !
    Les cordes de ma voix n'ont plus pour harmonies
    Que des tristesses et des pleurs.

    Chers anges du matin éclos dans les rosées,
    Nos lèvres d'homme, hélas! pour vous n'ont plus de miel ;
    Et vos ailes d'azur, de larmes arrosées,
    Ne nous porteraient plus au...

  •  
    I

    Sur les quais populeux je suis seul, et j’y foule
    L’affreux limon qui naît sous les pas de la foule ;
    Cherchant un peu de jour dans ce ciel infecté
    Par les jaunes vapeurs que vomit la cité,
    Sous la voûte fumeuse où couve la tempête,
    Je marche appesanti, morne et baissant la tête,
    Sans pouvoir, à travers mille bruits discordants,
    ...

  •  

    MALGRÉ tous les soucis caché, toutes les peines
    Dont s’affole son cœur misérable et lassé,
    L’homme en lui voit surgir des lueurs souveraines,
    Astre allumé par Dieu, sur sa douleur dressé.

    L’idéal lumineux de ses grands rayons calmes
    L’embrase avec douceur, intérieurement ;
    Il entend des chansons, il voit flotter des palmes
    Et son esprit guidé...

  •  
    Ne dis pas que la vie est un jouet
    Dans la main du sort insensé
    Le festin de la bêtise insouciante
    Le poison des doutes et de la lutte.
    Non, la vie est une aspiration raisonnable
    Vers où brûle la flamme éternelle
    Où l’homme, le couronnement de la création,
    Règne sur l’univers.

    En bas sont érigés par la foule
    Des dieux momentanés...

  •  
    Les écoliers joueurs dans le calme des classes
    Pour voler les rayons du soleil émergeant
    Enchâssent dans leurs doigts, comme un piège d’argent,
    Des débris lumineux de miroirs et de glaces.

    Et ― comme d’une cage ouverte ― ont voleté
    Des rayons, oiseaux d’or, qui traversent les vitres,
    Et partout sur les murs, les tableaux, les pupitres,
    On les...

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    JE me confie au Rêve accueillant, dont les yeux
    Sont si grands qu’on y voit l’azur de tous les cieux,
    Dont les mains de caresse ineffable sont pures,
    Dont les pieds de blancheur ignorent les souillures,
    Et dont la voix, muette harmonie, entre au cœur
    Comme un vent frais chargé de grâce et de douceur !
    Oh ! quand le soir, devant le jour bleu qui...

  • Sur la Ville, dont les affres flamboient,
    Règnent, sans qu’on les voie,
    Mais évidentes, les idées.

    On les rêve parmi les brumes, accoudées
    En des lointains, là-haut, près des soleils.

    Aubes rouges, midis fumeux, couchants vermeils,
    Dans le tumulte violent des heures,
    Elles demeurent ;
    Et leur âme, par au-delà du temps et de l...

  • Sur les villes d’orgueil vers leurs destins dardées,
    Règnent, sans qu’on les voie,
    Plus haut que la douleur et plus haut que la joie,
    Vivifiantes, les idées.

    Aux premiers temps de force et de ferveur sereines,
    Dès que l’esprit fut devenu flambeau,
    Elles se sont démêlées
    Et envolées
    Du beau dédale d’or des cervelles humaines,
    Pour s’en...

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    Nous lisons dans Legrand du Saulle
    Que le crétin a du goût pour
    L’arithmétique… tiens ! c’est drôle !
    Et la musique… du tambour.

    Qu’il a du goût pour la peinture ;
    J’en ai fait… pas… beaucoup, beaucoup,
    Mais Henri Laujol s’aventure
    Jusqu’à me trouver quelque goût.

    J’aime beaucoup l’arithmétique ;
    Ne disons pas cela trop haut ;...

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    L’idiot vagabond qui charme les vipères
    Clopine tout le jour infatigablement,
    Au long du ravin noir et du marais dormant,
    Là-bas où les aspics vont par troupes impaires.

    Quand l’automne a teinté les verdures prospères,
    L’œil fixe, avec un triste et doux balancement,
    L’idiot vagabond qui charme les vipères
    Clopine tout le jour infatigablement...