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    L’Océan à mes pieds déroulant l’étendue,
    Dans l’ambiant azur la lune suspendue
    Répandant sur les flots sa tremblante clarté,
    Contre les rochers noirs la houle bondissante,
    Dans l’infini de l’air une ombre blanchissante
           Flottant sous un ciel argenté ;

    Sur le sable amolli par les baisers de l’onde
    Les lames déployant leur nappe vagabonde...

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    Comme l'oiseau qui craint l'hiver et les orages,
    Pour de plus doux climats déserte nos rivages
    Quand il voit s'envoler la saison des beaux jours ;
    Suivant dans tes avis l'avis de la sagesse,
    Dans ce monde incertain ma docile jeunesse
    A voulu prendre un autre cours.

    Mais avec la craintive et prudente hirondelle,
    Mon frère, je n'ai pu par un vol...

  • Le notaire dit : « Jean ! il s’agit d’un partage.
    Votre frère, passé pour mort,
    Authentiquement vit encor.
    Vous êtes maintenant deux pour votre héritage.

    — Ça s’rait-il Dieu possibl’ ? ah ben !...

  • Et vaisseau, mon bon frère,
    et lors voile, ma sœur,
    et tout autour la mer,
    et la tulipe en fleur,

    c’est Hollande avec nous ;

    et mes bons camarades
    d’abord les menuisiers,
    donnez-vous l’accolade
    et chantez les cordiers,

    Hollande est avec vous.

    Puis baiser de...

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    Frère et sœur, les petiots, se tenant par la main,
    Vont au rythme pressé de leurs bras qu’ils balancent ;
    Des hauteurs et des fonds de grands souffles s’élancent,
    Devant eux le soir lourd assombrit le chemin.

    Survient l’orage ! avec tout l’espace qui gronde,
    Avec le rouge éclair qui les drape de sang,
    Les barbouille de flamme en les éblouissant ;...

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    ...

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    Frère, entends-tu le galop qui passe,
    L'âpre aboiement des chiens,
    C'est nos messieurs qui s'en vont en chasse,
    Gloire au seigneur terrien.
    Toi, bûcheron, travaille,
    Pour leur gagner du pain,
    Pense que la marmaille
    Dans sa cabane a faim.
    Monte à l'assaut des hêtres
    Frappe l'ormeau noueux
    Pour le souper des maîtres
    Vivent...

  • Ainsi, mon cher, tu t'en reviens
    Du pays dont je me souviens
    Comme d'un rêve,
    De ces beaux lieux où l'oranger
    Naquit pour nous dédommager
    Du péché d'Ève.

    Tu l'as vu, ce ciel enchanté
    Qui montre avec tant de clarté
    Le grand mystère ;
    Si pur, qu'un soupir monte à Dieu
    Plus librement qu'en aucun lieu
    Qui soit sur terre.
    ...