• L’infini m’a prise, ami, je suis morte ;
    Je lègue mon ombre à tes bras déserts…
    D’autres s’en iront frapper à ta porte ;
    J’ai, comme un oiseau, pris la clef des airs.

    Nos âmes, toujours, ne sont pas fidèles ;
    J’avais le pied rose et l’œil andaloux,
    J’ignorais que Dieu m’eût donné des ailes,
    Tu ne l’as pas vu, tu n’es pas jaloux.

    Personne,...

  • Non, ce n’est pas en vous « un idéal » que j’aime,
    C’est vous tout simplement, mon enfant, c’est vous-même.
    Telle Dieu vous a faite, & telle je vous veux.
    Et rien ne m’éblouit, ni l’or de vos cheveux,
    Ni le feu sombre & doux de vos larges prunelles,
    Bien que ma passion ait pris sa source en elles.
    Comme moi, vous devez avoir plus d’un défaut ;...

  • Est-ce que, ce mois-ci, des miens et des meilleurs,
    Quelqu’un est mort, pendant que je regarde ailleurs ?
    Est-ce que par hasard, sur la colline verte,
    Quelque tombe de mère ou d’enfant s’est ouverte ?
    Ami, pourquoi me plaindre aujourd’hui plus qu’hier ?
    Ai-je, sans le savoir, perdu quelqu’un de cher ?

    Jadis j’eus des douleurs et je les ai pleurées ;
    ...

  •                        LETTRE

    Éloigné de vos yeux, Madame, par des soins
    Impérieux (j’en prends tous les dieux à témoins),
    Je languis et je meurs, comme c’est ma coutume
    En pareil cas, et vais, le cœur plein d’amertume,
    À travers des soucis où votre ombre me suit,
    Le jour dans mes pensers, dans mes rêves la nuit,
    Et, la nuit et le jour,...

  •  

    Esprit de bonne humeur et gaîté sans malice,
    Qui même en le grondant badine avec le vice,
    Et qui, levant la main sans frapper jusqu’aux pleurs,
    Ne fustige les sots qu’avec un fouet de fleurs !
    Nice t’a donc prêté le bord de ses corniches
    Pour te faire au soleil le nid d’algue où tu niches ;
    C’est donc là que se mêle au bruit des flots dormants...

  •  
    Ainsi que l’hirondelle au retour des hivers,
    Avide de soleil, de fleurs, de gazons verts,
    Vous fuyez ces cités que la froidure assiège,
    Ces climats où les vents ont des ailes de neige ;
    Et, prenant votre vol, vous allez au doux ciel
    Qu’emplit de ses rayons l’astre de Raphaël.
    Dans ces lieux où, baigné de rosée et de flammes,
    Fleurit l’amour, ce...

  • Sur la montagne de la vie,
    Au plateau de trente-cinq ans,
    Soufflent mes coursiers, haletants,
    De la Chimère poursuivie.
    Je reste là quelques instants,
    Brisé, mais l’âme inassouvie,
    Promenant mon regard glacé
    Sur l’avenir et le passé.


  • ...

  • Maman, et toi, vieux père, et toi, ma sœur mignonne,
    Ce soir, en attendant que le couvre-feu sonne,
    Je mets la plume en main pour vous dire comment
    Je pense tous les jours à vous très-tendrement,
    Très-tristement aussi, malgré toute espérance ;
    Car, bien qu’ayant juré de mourir pour la France
    Et certain d’accomplir jusqu’au bout mon devoir,
    Je ne puis...

  • Le Printemps est évident, car
    Du cœur des Propriétés vertes
    Le vol de Thiers et de Picard
    Tient ses splendeurs grandes ouvertes.

    Ô mai ! Quels délirants cul-nus !
    Sèvres, Meudon, Bagneux, Asnières,
    Écoutez donc les bienvenus
    Semer les choses printanières !

    Ils ont schako, sabre et tamtam
    Non la vieille boîte à bougies
    Et des yoles...