• Dames et seigneurs, je vous mène
    De joyeux et naïfs acteurs :
    Nous n’avons ni triste Chimène
    Ni capitans provocateurs.

    Pas même Arlequin ni Cassandre ;
    Et la Colombine aux yeux doux,
    Malgré sa voix rieuse et tendre,
    Est encor...

  • Quant à flatter la foule, ô mon esprit, non pas !

    Ah ! le peuple est en haut, mais la foule est en bas.
    La foule, c'est l'ébauche à côté du décombre ;
    C'est le chiffre, ce grain de poussière du nombre ;
    C'est le vague profil des ombres dans la nuit ;
    La foule passe, crie, appelle, pleure, fuit ;
    Versons sur ses douleurs la pitié fraternelle.
    Mais...

  •  
    Verbe endormi dans la nature,
    Esprits muets au fond des bois,
    Âmes qui n'avez qu'un murmure,
    Prenez dans mes vers une voix.
    Esprits du chêne, esprits des roses,
    Prés en fleurs, sables désolés,
    Lacs souriants, rochers moroses,
    Petits bluets sous les grands blés,
                Parlez !

    Échos des invisibles mondes
    Qu'on découvre...

  • À LÉON CLOPET, architecte.

    "Voici, je m'en vais faire une chose nouvelle
    qui viendra en avant ; et les bêtes des champs,
    les dragons et les chats-huants me glorifieront."
    La Bible.


    Quand ton Petrus ou ton Pierre
    N'avait pas même une pierre
    Pour se poser, l'oeil tari,
    Un clou sur un mur avare
    Pour suspendre sa guitare, -
    ...

  • En route, mauvaise troupe !
    Partez, mes enfants perdus !
    Ces loisirs vous étaient dus :
    La Chimère tend sa croupe.

    Partez, grimpés sur son dos,
    Comme essaime un vol de rêves
    D'un malade dans les brèves
    Fleurs vagues de ses rideaux.

    Ma main tiède qui s'agite
    Faible encore, mais enfin
    Sans fièvre, et qui ne palpite
    Plus que d'un...

  • J'ai détourné mes yeux de l'homme et de la vie,
    Et mon âme a rôdé sous l'herbe des tombeaux.
    J'ai détrompé mon coeur de toute humaine envie,
    Et je l'ai dispersé dans les bois par lambeaux.

    J'ai voulu vivre sourd aux voix des multitudes,
    Comme un aïeul couvert de silence et de nuit,
    Et pareil aux sentiers qui vont aux solitudes,
    Avoir des songes frais...

  • J'entreprends de conter l'année épouvantable,
    Et voilà que j'hésite, accoudé sur ma table.
    Faut-il aller plus loin ? dois-je continuer ?
    France ! ô deuil ! voir un astre aux cieux diminuer !
    Je sens l'ascension lugubre de la honte.
    Morne angoisse ! un fléau descend, un autre monte.
    N'importe. Poursuivons. L'histoire en a besoin.
    Ce siècle est à la barre et je...

  • Je ne suis plus enfant : trop lents pour mon envie,
    Déjà dix-sept printemps ont passé dans ma vie :
    Je possède une lyre, et cependant mes mains
    N'en tirent dès longtemps que des sons incertains.
    Oh! quand viendra le jour où, libre de sa chaîne,
    Mon coeur ne verra plus la gloire, son amour,
    Aux songes de la nuit se montrer incertaine,
    Pour s'enfuir comme...

  • To wake the soul by tender strokes of art,

    To raise the genius, and to mend the heart;

    To make mankind, in conscious virtue bold,

    Live o’er each scene, and be what they behold:

    For this the Tragic Muse first trod the stage,

    Commanding tears to stream thro’ ev’ry age:

    Tyrants no more their savage nature...