• À Paul AVENEL (Lice chansonnière).

    J’espérais à Fontainebleau
    Savourer les bois solitaires,
    Mais par malheur ce lieu si beau
        Grouille de militaires.

    Parmi la feuille et le granit,
    Dès l’aube en soldat malhonnête
    Réveille l’oiseau dans son nid,
        Au son de la trompette.

    Le silence étend son velours...

  •  
    Au poète Henri Allorge.

    À travers les fourrés de la forêt déserte
    Le clair soleil vernal glissant un chaud rayon,
    Depuis une heure, y teint d’or et de vermillon
    Un frais ruisseau d’argent ― frangé de mousse verte ―
    Qui fredonne et bénit sans doute en sa chanson
    Le clair soleil vernal glissant un chaud rayon
    À travers les fourrés...

  • LA FORÊT

    La forêt est un monde et sa vie est la mienne.

    D’aussi loin qu’il me souvienne,
    Sa présence me fut un magnifique émoi ;
    Tout jeune encor, quand je m’en fus vers elle,
    Je sentis pénétrer sa rumeur éternelle
    Obscurément, au fond de moi.

    J’en avais crainte et joie et j’aimais le mystère...

  • LA FORÊT

    C’est aujourd’hui le domaine des seuls oiseaux,
    Ce bois que les siècles décorent.

    Dans le mirage en or des soirs et des aurores,
    Au bord de l’île, où les mers s’éplorent,
    II flotte et bouge au loin, sur la splendeur des eaux.

    Il est d’éternité,
    Puisque personne
    Ne se rappelle avoir...

  •  
    C’est l’automne. Le vint balance
    Les ramilles, et par moments
    Interrompt le profond silence
    Qui plane sur les bois dormants.

    Des flaques de lumière douce
    Tombant des feuillages touffus,
    Dorent les lichens et la mousse
    Qui croissent au pied des grands fûts.

    De temps en temps, sur le rivage,
    Dans l’anse où va boire le daim,
    ...

  •  
    Seront-ils toujours là quand nous disparaîtrons ?
    Les voilà, roidissant leurs vénérables troncs
    Qui des vents boréens ont lassé les colères.
    Eux, les arbres, longs murs de héros séculaires
    Durcis aux noirs assauts des hivers meurtriers.
    Inexpugnable bloc d’impassibles guerriers
    Qui sous le choc prochain des rafales nocturnes
    Pour un instant se...

  •  
    La forêt songe, bleue et pâle,
    Dans un féerique demi-jour.
    Tout s’y voit spectral, d’aspect sourd,
    Par cette nuit d’ambre et d’opale.

    Là, c’est un cerf blessé qui râle…
    Ici, d’autres, pâmés d’amour…
    La forêt songe, bleue et pâle,
    Dans un féerique demi-jour.

    Ailleurs, une laie et son mâle
    Et leurs marcassins tout autour !…
    Et...

  • LE PRINCE, à la Nymphe.

    Vierge, ton nom ?

    LA NYMPHE.

    Vierge, ton nom ? Je suis la Nymphe des fontaines.
    Je ne suis qu’une enfant...


  • ...

  • O pasteurs ! Hespérus à l’Occident s’allume ;
    II faut tenter la cime & les feux de la brume !
    Un bois plutonien couronne ce rocher,
    Et je veux, aux lueurs des astres, y marcher !
    Ma pensée habita les chênes de Dodone ;
    La lourde clef du Rêve à ma ceinture sonne,
    Et, détournant les yeux de ces âges mauvais,
    Je suis un familier du Silence — & je...