• Je ne crois point ce que vous dites :
    Que tant de bien me désiriez,
    Comme à celle, pour qui vous fites
    Ce que pour vous faire devriez.

    Mais quelle plus estimeriez :
    Ou celle qui, d'un coeur tremblant,
    N'ose dire ce que voudriez,
    Ou qui le dit d'un faux semblant ?

    (Rymes XXXI)

  • Vous me dites toujours où tendent mes desseins,
    Et pourquoi je vous aime et vous rends du service :
    Vous pouviez bien savoir avant que je vous visse
    Quel peut être le but de l'amour des humains.

    Nous vivons dans le monde et parmi les mondains,
    Nos sexes sont divers, et le plus doux délice
    De l'homme c'est d'aimer l'amoureux exercice
    Dont vous êtes...

  • Ah ! ne me dites pas que la vie est un rêve,
    Une ombre qui s'enfuit et flotte sous mes pas ;
    C'est le temps de la lutte, et si rien ne s'achève,
    L'éternel avenir a son germe ici-bas.

    La vie est un combat, la vie est une arène
    Où le devoir grandit du triomphe obtenu ;
    C'est le sentier qui monte, et pas à pas nous mène
    Aux sommets d'où la vue...

  • Vous le dites m'amour ? Soyez religieuse,
    Portant le voile noir, franche d'ambitions,
    Que jeûner soit vos jeux, vos ris confessions,
    Et vos plus beaux habits une haire envieuse !

    Ô la belle nonnain ! hé ! qu'elle est curieuse
    De savoir si au cloître on vit sans passions,
    Et s'il peut être atteint de ces affections
    Qui ne glissent jamais dans son...

  • Jeunes gens, prenez garde aux choses que vous dites.
    Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes.
    Tout, la haine et le deuil ! - Et ne m'objectez pas
    Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas... -
    Ecoutez bien ceci :

    Tête-à-tête, en pantoufle,
    Portes closes, chez vous, sans un témoin qui souffle,
    Vous dites à l'oreille au plus mystérieux...

  • Ne dites pas : la vie est un joyeux festin ;
    Ou c'est d'un esprit sot ou c'est d'une âme basse.
    Surtout ne dites point : elle est malheur sans fin ;
    C'est d'un mauvais courage et qui trop tôt se lasse.

    Riez comme au printemps s'agitent les rameaux,
    Pleurez comme la bise ou le flot sur la grève,
    Goûtez tous les plaisirs et souffrez tous les maux ;
    Et...

  • Qu'en dites-vous, mon Coeur ? Je vous prie de le dire.
    Quoi ? vous rêvez, ce semble, ô quelle étrange humeur !
    Mais ce beau teint changeant m'avant-court un bonheur,
    Et ce vent tremblotant qui doucement soupire.

    Las ! ce bel oeil baissé, dont le jour se retire,
    Pourrait bien messager quelque étrange douceur :
    Non, ce souris bénin présage une douleur,...