Joachim Bernier de La Brousse

  • Je voudrais bien sous la voûte infernale
    Être un Ixie en tes bras étendu,
    Presser ton corps heureusement rendu
    En cet état que mon coeur se l'étale.

    S'il m'advenait, nulle peine fatale
    Ne m'aigrirait ce bien trop attendu,
    Je semblerais un Adonis pendu...

  • C'est une folie extrême
    D'être fidèle en amour.
    Il faut aimer qui nous aime,
    Et changer de jour en jour.
    Qui un seul but se propose
    Ne fait jamais grande chose.

    Les dames aiment le change,
    Et n'ont jamais de dessein
    Qui n'ait toujours du...

  • Ô Songe doux, ô fantôme croyable
    Qui m'entretiens en l'amoureux plaisir !
    Entre mes bras, Hélène, mon désir,
    Je te tenais cette nuit favorable,

    Je suçotais ta bouche désirable
    Des dieux du ciel, je touchais à loisir
    Ton blanc tétin, et savais bien choisir...

  • Déjà Phoebus delà l'Espagne noire
    Avait plongé son char cloué de feux,
    Lorsque Morphée épandit sur mes yeux
    Ces jus sacrés qui ôtent la mémoire.

    Un grand tombeau tout de marbre et d'ivoire
    M'apparaissait, sur lequel en tous lieux
    Était écrit : " Hélène aux...

  • Pourquoi faut-il que ta face divine
    Soit en tous temps sous ce triste velous,
    Et que tes yeux de mon plaisir jaloux
    Soient découverts pour blesser ma poitrine ?

    Dix mille fois, ma Nymphe, ma poupine,
    J'ai convoité d'imprimer par dessous
    Ton masque faux...

  • Pourquoi de tes dédains sens-je la cruauté,
    Dis-moi, fière beauté ?
    Cet acte casuel trouble-t-il ta pensée ?
    Oui, car mes traîtres yeux ont attisé ce feu,
    A cause que j'ai vu
    Ton trésor le plus cher, dont tu t'es offensée.

    Belle, que n'ai-je vu en ce point...

  • Déjà le ciel prenait sa cape noire,
    Le blond Soleil sommeillait sous les eaux,
    Quand mon esprit au fort de ses travaux,
    Songeant, brûlant, pressait ton corps d'ivoire.

    Mais le pauvret, ruiné pour le croire,
    Vit tout soudain au lever des chevaux,
    Qui du...

  • Tout le long de la nuit et lorsqu'à notre jour
    Se découvrent les prés et les hautes montagnes,
    Seul et déconforté, je vais par les campagnes
    Comme un léger démon songeant en mon amour.

    Puis gisant dans l'enclos de mon gentil séjour,
    Je soupire sans cesse,...

  • Arbres qui lamentez la cruelle infortune
    De ce pauvre garçon, qui trop audacieux,
    Dans le tour recourbé du grand plancher des cieux
    Osa pousser le char du frère de la Lune,

    Plus ne pleurez sa mort, plus grande est ma fortune,
    Mais sourcez avec moi un fleuve de vos...

  • Par l'effort du destin, ma gentille Cyprine
    Languissait l'autre jour dans son lit amoureux.
    Son beau front bleuissait, et son oeil doucereux
    Éteignait peu à peu sa flammèche divine.

    Moi, pauvre, contemplant sa bouche coraline,
    Me rongeais coup sur coup d'un...