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    Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
    Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
    ALPH. DE LAMARTINE.

    Déjà la rapide journée
    Fait place aux heures du sommeil,
    Et du dernier fils de Vannée
    S’est enfui le dernier soleil.
    Près du foyer, seule, inactive,
    Livrée aux souvenirs puissans,
    Ma pensée erre, fugitive,...

  • Ô désastre ! ô terreur ! effrayante merveille !
    Dans le sein des Enfers un volcan se réveille.
    Par de sombres vapeurs les astres sont voilés ;
    Les fleuves sont taris sous les rocs ébranlés ;
    Les cités ont frémi sur leur base mouvante ;
    Les lies sur les flots reculent d’épouvante ;
    Renversant des Romains les orgueilleux travaux,
    De la terre, soudain,...

  • Ne vous étonnez pas, objets sacrés et doux,
    Si quelqu'air de tristesse obscurcit mon visage.
    Quand un savant crayon dessinait cette image
    J'attendais l'échafaud et je pensais à vous.


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    O races de nos jours, ô peuples ahuris,
    Désertez les lieux saints et les sentiers prescrits,
    Et vous, sombres moellons des vieilles cathédrales,
    Du haut des airs roulez dans la main des vandales !
    Partout il sort de terre un nouveau monument
    À la base profonde, au solide ciment,
    Que les vents déchaînés, les flèches de la foudre,
    Toute l’ire des...

  • Voilà longtemps que je vous aime :
    — L’aveu remonte à dix-huit ans ! —
    Vous êtes rose, je suis blême ;
    J’ai les hivers, vous les printemps.

    Des lilas blancs de cimetière
    Près de mes tempes ont fleuri ;
    J’aurai bientôt la touffe entière
    Pour ombrager mon front flétri.

    Mon soleil pâli qui décline
    Va disparaître à l’horizon,
    Et sur la...

  • LE JUGEMENT DERNIER [1][2]

    Un jour de comble en fond les rochers crouleront,
    Les monts plus sourcilleux de peur se dissoudront,
    Le ciel se crèvera, les plus basses campagnes
    ...

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    J’ai feuilleté l’histoire et j’en suis à la fin.
    Qu’est-ce l’histoire humaine ? un long fleuve de sang
    Descendu des rochers ténébreux du passé
    Et, coulant tout d’un trait, sans arrêt, jusqu’à nous.
    Vous le croyez fini ? — Son flot qui roule encore
    Ne va se reposer qu’au fin fond de la mer...
    Dans une mer de sang se perd le fleuve rouge.
    — Je...

  • O Femme, que tu sois plébéienne ou princesse,
    En dévoilant l’amour, je te cherche où tu es.
    Ton cœur est le roman que je relis sans cesse ;
    Je ne te connais pas, mais je t’aime ou te hais.

    J’ai secoué pour toi l’arbre de la science.
    Lis ce livre, ou plutôt cherche ton cœur dedans.
    Sur l’espalier d’Éros, si ta luxuriance
    Est mûre, ouvre la bouche et...