• Ton corps plus doux que ton esprit
    S'exposait hier à ma vue,
    Et d'un transport qui me surprit
    Soulageait l'ardeur qui me tue.

    Ton visage masqué me rit
    Ainsi qu'au travers d'une nue,
    Et sous le gant qui la couvrit
    Ta main m'apparut demi nue.

    Même pour mieux flatter mes sens
    De mille plaisirs innocents,
    Ton sein poussait hors...

  • Mais si mon foible corps (qui comme l'eau s'escoule)
    Et s'affermit encor plus longtemps qu'un plus fort)
    S'avance à tous moments vers le sueil de la mort,
    Et que mal dessus mal dans le tombeau me roule,

    Pourquoy tiendray-je roide à ce vent qui saboule
    Le Sablon de mes jours d'un invincible effort ?
    Faut-il pas resveiller cette Ame qui s'endort,
    De...

  • Ainsi que tous les corps que la nature anime,
    Et forme inanimez en ce clos rondissant
    Ont leur cause, leur centre, et vont resortissant
    Au centre, qu'elle enferme au creux de son abysme,

    Ainsi que tous les poincts qu'en sa masse sublime
    Contient la pyramide és nues se haussant,
    Se ramenent ensamble, et se vont unissant
    Au joint indivisible eslevé...

  • Autour des corps, qu'une mort avancée
    Par violance a privez d'un beau jour,
    Les ombres vont, et font maint et maint tour,
    Aimans encor leur dépoüille laissée.

    Au lieu cruel, où j'eu l'ame blessée
    Et fu meurtri par les flèches d'Amour,
    J'erre, je tourne et retourne à l'entour,
    Ombre maudite, errante et dechassée.

    Legers esprits, plus que...

  • A longs filets de sang ce lamentable corps
    Tire du lieu qu'il fuit le lien de son âme,
    Et séparé du coeur qu'il a laissé dehors,
    Dedans les forts liens et aux mains de sa dame,
    Il s'enfuit de sa vie et cherche mille morts.

    Plus les rouges destins arrachent loin du coeur
    Mon estomac pillé, j'épanche mes entrailles
    Par le chemin qui est marqué de ma...

  • L'âme qui en secret voit enterrer son corps,
    Fait tout ce qu'elle peut pour en montrer la place,
    Afin de recevoir des vivants cette grâce,
    Qu'il soit mis au sépulcre honorable des morts.

    Cependant animée elle se plaint des torts
    Naguère à elle faits en suivant à la trace
    Le meurtrier inconnu, qu'elle toujours menace
    Des Furies d'enfer, où elle...

  • Le corps pâle brûlé au bûcher domestique,
    Content de l'Achéron en sa chère moitié,
    Vécut, mourut, brûla, ô cendres d'amitié,
    Puisse naître de vous le cher oiseau unique !

    Soyez donc arrousés du doux nectar lybique,
    Heureux qui êtes morts premier que l'amitié
    Qui lia vos deux coeurs eût pris fin. Ô pitié,
    Je n'en suis pas ainsi vers cette fantastique...

  • Vous qui sans corps, Démons, errez en France,
    Laissez ici reposer doucement
    Vos membres froids, et chez vous maintenant
    Courez pour voir le deuil de votre absence.

    Allez-y donc, invisibles, je pense
    Que vous verrez celui-ci, son enfant,
    L'autre sa femme, en un noir vêtement,
    Offrir à Dieu pour votre délivrance :

    Disant adieu à tous vos...

  • Qu'est ce que j'oi ? - Ce suis-je ! - Qui ? - Ton coeur
    Qui ne tient mais qu'à un petit filet :
    Force n'ai plus, substance ne liqueur,
    Quand je te vois retrait ainsi seulet
    Com pauvre chien tapi en reculet.
    - Pour quoi est-ce ? - Pour ta folle plaisance.
    - Que t'en chaut-il ? - J'en ai la déplaisance.
    - Laisse-m'en paix. - Pour quoi ? - J'y penserai.
    -...

  • Il estoit bien seant que ce corps veritable,
    Qui fut le vestement du grand verbe incarné
    Fust conceu d'un pur sang sainctement façonné
    D'une qui ne se vist d'aucun peché coulpable.

    Il estoit bien seant, qu'à ce saint corps mourable
    Mort en fin pour ceux là pour lesquels il fut né
    Par un juste, et sainct homme un tombeau fut donné,
    Neuf et net qui ne...