• L’ame, & l’esprit sont pour le corps orner,
    Quand le vouloir de l’Eternel nous donne
    Sens, & sçauoir pour pouuoir discerner
    Le bien du bien, que la raison ordonne.

    Par quoy si Dieu de telz biens te guerdonne,
    Il m’à donné raison, qui à pouuoir
    De bien iuger ton heur, & ton sçauoir.

    Ne trouve donc chose si admirable,
    Si a bon droict...

  • Comme le corps ne permect point de veoir,
    A son esprit, ny sçauoir sa puissance :
    Ainsi l’erreur, qui tant me faict avoir
    Deuant les yeulx le bandeau d’ignorance,
    Ne m’à permis d'auoir la congnoissance
    De celuy là, que pour pres le chercher
    Les Dieux avoient voulu le m’approcher :
    Mais si hault bien ne m’àsceu apparoistre.
    Parquoy a droict l’on...

  •  
    Heureuses les lèvres de chair !
    Leurs baisers se peuvent répondre ;
    Et les poitrines pleines d’air !
    Leurs soupirs se peuvent confondre.

    Heureux les cœurs, les cœurs de sang !
    Leurs battements peuvent s’entendre ;
    Et les bras ! Ils peuvent se tendre,
    Se posséder en s’enlaçant.

    Heureux aussi les doigts ! Ils touchent ;
    Les yeux !...

  • Le Corps ravi, l'Âme s'en émerveille
    Du grand plaisir qui me vient entamer,
    Me ravissant d'Amour, qui tout éveille
    Par ce seul bien, qui le fait Dieu nommer.

    Mais si tu veux son pouvoir consommer,
    Faut que partout tu perdes celle envie :
    Tu le verras de ses traits s'assommer,
    Et aux Amants accroissement de vie.

    (Rymes XII)

  • Comme le corps ne permet point de voir
    À son esprit, ni savoir sa puissance :
    Ainsi l'erreur, qui tant me fait avoir
    Devant les yeux le bandeau d'ignorance,
    Ne m'a permis d'avoir la connaissance
    De celui-là que, pour près le chercher,
    Les Dieux avaient voulu le m'approcher :
    Mais si haut bien ne m'a su apparaître.

    Parquoi à droit l'on me...

  • Heureuses les lèvres de chair !
    Leurs baisers se peuvent répondre ;
    Et les poitrines pleines d'air !
    Leurs soupirs se peuvent confondre.

    Heureux les coeurs, les coeurs de sang !
    Leurs battements peuvent s'entendre ;
    Et les bras ! Ils peuvent se tendre,
    Se posséder en s'enlaçant.

    Heureux aussi les doigts ! Ils touchent ;
    Les yeux ! Ils...

  • Corps violent, redoutable, honteux,
    Corps de poète habitué aux larmes,
    Qui te secoue ainsi, qui te désarme ?
    (Bruxelles dort orné de mille feux)

    Dans le pays de la bonne souffrance
    (Rappelle-toi cette maison des champs)
    Archange infirme ivre de ton silence,
    N'attendais-tu qu'un amour plus pressant ?

    On connaît bien le gouffre où je me...

  • Le corps fermé comme une jeune rose
    Celle qu'Amour ne désunissait pas
    Qui disposait pour nous entre les choses
    L'oeuvre excellente et pure de ses pas

    Dont les cheveux donnaient le goût de vivre
    Et dont les mains faisaient le pain doré
    - N'était-ce rien qu'un instant d'équilibre
    Par un miracle au hasard préservé ?

    Pour un sourire elle...

  • Dieu fit votre corps noble et votre âme charmante.
    Le corps sort de la terre et l'âme aspire aux cieux ;
    L'un est un amoureux et l'autre est une amante.

    Dans la paix d'un jardin vaste et délicieux,
    Dieu souffla dans un peu de boue un peu de flamme,
    Et le corps s'en alla sur ses pieds gracieux.

    Et ce souffle enchantait le corps, et c'était l'âme...

  • Cache ton corps soubs un habit funeste ;
    Ton lict, Margot, a perdu ses chalans,
    Et tu n'es plus qu'un miserable reste
    Du premier siecle, et des premiers Galans.

    Il est certain que tu vins sur la terre
    Avant que Rome eût détroné ses Rois
    Et que tes yeux virent naistre la guerre
    Qui mit les Grecs dans un cheval de bois.

    La Mort hardie, et...