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    Le Soleil qui sur nous dardait ses feux rapides,
    A donc été vaincu par des astres perfides,
    Et ses feux endormis ont fait place aux éclairs.
    Quel charme assez puissant put fasciner la vue
    De cet aigle, enfant de la nue,
    Dont les regards ardens dévoraient l’univers ?

    Un dieu vient de céder à des forces humaines ;
    Quels bras l’ont enchaîné ? Des...

  • Pour vous, au jour de l’an, je rêvais quelque étrenne,
    Moi, le rêveur obscur, admis à votre cour ;
    Un respect prosterné mêlé d’un humble amour,
    C’est un mince joyau dans l’écrin d’une reine.

    Que peut le ver rampant pour l’étoile sereine,
    Le caillou pour la perle, et l’ombre pour le jour ?
    L’étoile ignore l’homme, et, de son bleu séjour,
    Le soleil ne...

  • Ô Juges, mes petits pères,
    Vous êtes par trop sévères
    Pour cette jeune houri,
    De la mère Angot filleule,
    Encor qu’elle vous engueule
    Comme du poisson pourri !

    Mon Dieu ! son vocabulaire
    N’a rien qui vous puisse plaire.
    Il est bien certain que si
    C’est là toutes vos étrennes,
    Vous n’aurez pas les mains pleines,
    Au Jour de l’An....

  • Il est jeune, il est pâle ― et beau comme une fille.
    Ses longs cheveux flottants d’un nœud d’or sont liés,
    La perle orientale à son cothurne brille,
    Il danse ― et, secouant sa torche qui pétille,
    À l’entour de son cou fait claquer ses colliers.

    Tout frotté de parfums et la tête luisante,
    Il passe en souriant et montre ses bras nus.
    Un lait pur a lavé...

  • Chez un sculpteur, moulée en plâtre,
    J’ai vu l’autre jour une main
    D’Aspasie ou de Cléopâtre,
    Pur fragment d’un chef-d’œuvre humain.

    Sous le baiser neigeux saisie
    Comme un lis par l’aube argenté,
    Comme une blanche poésie
    S’épanouissait sa beauté ;

    Dans l’éclat de sa pâleur mate
    Elle étalait sur le velours
    Son élégance délicate...

  • Un jeune Italien, superbe et fait au tour,
    Qui posait tour à tour
    Les Christ, les Apollon ou les Chaste Suzanne,
    Le sacré, le profane,

    En somme...

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            De ta robe à longs plis flottants
            Ruissellent toutes les chimères,
            Et tu m’apportes le printemps
            Dans tes mains blondes et légères.

            J’ai peur de ce frisson nacré
            De tes frêles seins, je ne touche
            Qu’en tremblant à ton corps sacré,
            J’ai peur du charme de ta bouche.

            ...

  •  
            Le couchant adoucit le sourire du ciel.
            La nuit vient gravement, ainsi qu’une prêtresse.
            La brise a déroulé, d’un geste de caresse,
            Tes cheveux aux blondeurs de maïs et de miel.

            Tes lèvres ont gardé le pli de la parole
            Dont mon rêve attentif s’est longtemps enchanté.
            Une voix de souffrance a...

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            Le vol de la chauve-souris,
            Tortueux, angoissé, bizarre,
            Aux battements d’ailes meurtris,
            Revient et s’éloigne et s’égare.

            N’as-tu pas senti qu’un moment,
            Ivre de ses souffrances vaines,
            Mon âme allait éperdument
            Vers tes chères lèvres lointaines ?

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            L’orgueil des lourds anneaux, la pompe des parures,
            Mêlent l’éclat de l’art à ton charme pervers,
            Et les gardénias qui parent les hivers
            Se meurent dans tes mains aux caresses impures.

            Ta bouche délicate aux fines ciselures
            Excelle à moduler l’artifice des vers :
            Sous les flots de satin...