• Quand le Bédouin qui va de l’Horeb en Syrie,
    Lie au tronc du dattier sa cavale amaigrie,
    Et sous l’ombre poudreuse où sèche le fruit mort,
    Dans son rude manteau s’enveloppe et s’endort ;

    Revoit-il, faisant trêve aux ardentes fatigues,
    La lointaine oasis où rougissent les figues,
    Et rétroite vallée où campe sa tribu,
    Et la source courante où ses lèvres...

  •  
    En arrivant au régiment,
    Il a fallu prêter serment :
    Jurez, jurez beaux militaires,
    Vaillants conscrits,
    Que vous serez toujours fidèles,
    Que vous serez toujours fidèles
    A la Patrie.

    Je vous jure mon commandant
    Qu'avant quinze jours je fous l'camp.
    N'y a pas de gendarmerie
    Ni de drapeau,
    Qui vaille l'amour de ma mie,...

  • À Henry Cazalis.

    L’immense ennui, ce fils bâtard de la douleur,
    En maître est installé dans mon âme et l’habite,
    Et moins que la vieillesse affreuse et décrépite,
    Cette âme de trente ans a gardé de chaleur.

    J’en atteste ces yeux éteints, cette pâleur
    Et ce cœur sans amour où plus rien ne palpite ;
    Je vois mon...

  • Déjà mon cœur me quitte, et la mort me réclame,
    Et je ne la crains pas : pourquoi me secourir ?
    Vers le Ciel qui l’attend laisse voler mon âme.
    Oh ! ma sœur, laisse-moi mourir !

    Dès longtemps, tu le sais, ma vie est douloureuse ;
    Souvent sur mes chagrins je te vis t’attendrir ;
    Va, ne me retiens pas pour toi, sois généreuse.
    Oh ! ma sœur, laisse-moi...

  •  
    Comme une louve ayant fait chasse vaine,
    Grinçant les dents, s’en va par le chemin ;
    Je vais, hagard, tout chargé de ma peine,
    Seul avec moi, nulle main dans ma main ;
    Pas une voix qui me dise : A demain.

    Pourtant bout en mon sein la sève de la vie ;
    Femmes ! mon pauvre cœur est pourtant bien aimant,
    J’ai vingt ans, je suis beau, je devrais...

  •  
    Le mont Blanc que cent monts entourent de leur chaîne,
    Comme dans les bouleaux le formidable chêne,
    Comme Samson parmi les enfants d’Amalec,
    Comme la grande pierre au centre du cromlech,
    ...

  • Je sais la vanité de tout désir profane.
    À peine gardons-nous de tes amours défunts,
    Femme, ce que la fleur qui sur ton sein se fane
    Y laisse d’âme et de parfums.

    Ils n’ont, les plus beaux bras, que des chaînes d’argile,
    Indolentes autour du col le plus aimé ;
    Avant d’...

  •  
    Je voudrais dans un chant mettre toute mon âme,
    Le rayon du ciel bleu, le parfum des grands bois,
    La force du soleil, la chaleur de la flamme,
    Et toutes les beautés comme toutes les voix…

    Mais il faudrait un luth aux cordes plus puissantes :
    Devant ce grand désir le mien pleure attristé ;
    Tel l’oiseau qui, malgré ses ailes frémissantes,
    Doit s...

  •  
    Ah! si j'avais des paroles,
    Des images, des symboles,
    Pour peindre ce que je sens !
    Si ma langue, embarrassée
    Pour révéler ma pensée,
    Pouvait créer des accents!

    Loi sainte et mystérieuse !
    Une âme mélodieuse
    Anime tout l'univers;
    Chaque être a son harmonie,
    Chaque étoile son génie,
    Chaque élément ses...

  • Tout vit,tout aime ! et moi, triste et seul, je me dresse
    Ainsi qu’un arbre mort sur le ciel du printemps.
    Je ne peux plus aimer, moi qui n’ai que trente ans,
    Et je viens de quitter sans regrets ma maîtresse.

    Je suis comme un malade aux pensers assoupis
    Et qui, plein de l’ennui de sa chambre banale,
    N’a pour distraction stupide et machinale,
    Que de...