• Sur le coteau, là-bas où sont les tombes,
    Un beau palmier comme un panache vert
    Dresse sa tête, où le soir les colombes
    Viennent nicher et se mettre à couvert.

    Mais le matin elles quittent les branches ;
    Comme un collier qui s’égrène, on les voit
    S’éparpiller dans l’air bleu, toutes blanches,
    Et se poser plus loin sur quelque toit.

    Mon âme est...

  •       COLOMBINE

    Léandre le sot,
    Pierrot qui d’un saut
            De puce
    Franchit le buisson,
    Cassandre sous son
            Capuce,

    Arlequin aussi,
    Cet aigrefin si
            Fantasque
    Aux costumes fous,
    Ses yeux luisants sous
            Son masque,

    — Do, mi, sol, mi, fa, —
    Tout ce monde va,
            Rit,...

  • Version longue

    1

    Ô toi, dont le noble délire
    Charma ton pays étonné,
    Eh quoi ! Béranger, sur ta lyre
    Mon sujet n'a pas résonné !
    Toi, chantre des fils de Bellone,
    Tu devrais rougir, sur ma foi,
    De m'entendre dire avant toi :
    Français, je chante la Colonne.

    2

    Salut, monument gigantesque
    De la valeur et des beaux...

  •  
    Un soir qu’il priait seul et triste, Salomon,
    Dont l’anneau d’or commande aux forces du Démon,
    Vit briller tout à coup d’une clarté livide
    La maison du Seigneur silencieuse et vide.
    Tout s’animait, le bois, la pierre, le métal.
    Comme un ressouvenir du vieux Liban natal
    Qui jadis écoutait bruire leurs ramures,
    Dans les cèdres taillés glissèrent...

  •  
    La cité le contemple avec orgueil et joie ;
    Il ouvre aux travailleurs une nouvelle voie,
    Une plus vaste arène, un plus large horizon.
    Il eût émerveillé Rhodes, Ephèse et Rome…
    Et les lourds chariots et les bêtes de somme
    Auront pour ce géant le poids de l’oisillon.

    Triomphe du penseur subjuguant la nature,
    Au-dessus de l’abîme il dresse sa...

  •     « Ce ne sont jamais des pignons qui brûlent. »
    Lors le roi jeune au combat s’écria :
    « Ce n’est pas ici l’aurore qui point de l’est, ici nul dragon ne vole,
    ni les pignons de cette grande salle-ci ne brûlent,
    mais le sanglier[1] va de l’avant, les oiseaux chantent,
    le loup vêtu de gris...


  • ...

  •  
    Seras-tu de l’amour l’éternelle pâture ?
              A quoi te sert la volonté,
    Si ce n’est point, ô cœur, pour vaincre ta torture,
    Et dans la paix enfin, plus fort que la nature,
              T’asseoir sur le désir dompté,

    Ainsi qu’un bestiaire, après la lutte, règne
              Sur son tigre qui s’est rendu,
    Et s’assied sur la bête, et, de son...

  •  
    Toi qui, dans un miroir agréable et fidele,
    Présentant l’homme à l’homme, amuses ton modele,
    Nous reproduis nos traits, nos mobiles travers,
    Et ais, en te jouant, corriger l’univers,
    Souris à mes accens, viens, folâtre Thalie,
    Échauffe mes leçons du feu de la saillie,
    Apprends-moi tes secrets, et ne me cache rien
    Des mysteres d’un art,...

  •  
    C'était le jour des morts : Une froide bruine
    Au bord du ciel rayé, comme une trame fine,
            Tendait ses filets gris ;
    Un vent de nord sifflait ; quelques feuilles rouillées
    Quittaient en frissonnant les cimes dépouillées
            Des ormes rabougris ;

    Et chacun s'en allait dans le grand cimetière,
    Morne, s'agenouiller sur le coin de la...