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    Leurs anges sont toujours en la présence
                    de Dieu.

    O nuit ! fille des cieux ! vierge à demi voilée !
    Cache-moi sous les plis de ta robe étoilée !
    Je veux rêver en paix, et toi, Père d’amour,
    Ne me réveille plus qu’au matin du grand jour.

    Oh ! ce n’est qu’au berceau, sous l’aile maternelle,
    Que s’entrevoit l’Eden...

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    L’envoi des vers suivants était accompagné de ces mots :
    « Puisque vous voulez des vers qui, détachés du reste, ne
    signifient absolument rien, je vous envoie ceux-ci ; agréez,
    Madame, cet envoi comme la preuve irrécusable de mon
    obéissance et de ma parfaite abnégation. »

    Il se terminait ainsi : « Vous voyez bien que vous n’en savez
    ...

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    I. Le soldat vaudois.

    Sur d’humbles escabeaux, à l’angle d’un vieil âtre,
    Où tremblait dans la cendre une flamme bleuâtre,
    Deux soldats devisaient, l’un près de l’autre assis.
    De leur lampe mourante un reflet indécis
    Projetait sur le mur des ombres fantastiques.
    A la porte, jasaient les vents mélancoliques.
    — « Eh bien ! dit l’un,...

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    Vous qui réfléchissez sous les cils de vos yeux
    Le sourire inspiré de votre ange pieux,
    Vous dont la harpe d’or sur ses cordes pressées
    Rend l’écho musical des célestes pensées,
    Vous dont l’âme vibrant au ton de tous les cœurs,
    A des chants pour nos chants, et des pleurs pour nos pleurs,
    Pardonnez mes soupirs ; tout chantre a son partage :
    Le...

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    J’aimerais vous chanter l’eau blanche du torrent,
    Qui dans la nuit des pins circule en murmurant,
    Car j’entends de ses flots les bruyantes batailles,
    Autour des rocs moussus, sous les grandes broussailles.
    Je pourrais du taureau dire le grondement,
    Lorsqu’aux pentes des monts, se levant lourdement,
    Il promène le soir son regard fier et louche
    ...

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    « De qui me parles-tu, céleste rêverie,
    Mystérieux concert de mon âme attendrie ?
    D’un temps sans origine es-tu l’écho secret,
    Un espoir que j’ignore, ou mon dernier regret ?
    Es-tu l’hymne nouveau de la harpe infinie
    Dont le cœur des élus comprend seul l’harmonie ?
    Ou bien l’appel trompeur de quelque esprit subtil ?

    » Peut-être est-ce mon âme...

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    Creusez, jeune ouvrier... Dans la nuit souterraine
    Le vent du ciel apporte un parfum de printemps.
    L’air est bleu, l’air est frais, remontez vers la plaine ;
    Là, peut-être l’amour vous pleure dés longtemps.

    « Bientôt je reverrai la blonde Eléonore, »
    Se disait le pâle Robert ;
    Et dans ce vague espoir, il creuse, il creuse encore ;
    La roche...

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    J’ai vu l’ange de la prairie,
    Au crépuscule, dans les fleurs,
    Interrompant sa rêverie,
    Entr’ouvrir ses yeux tout en pleurs.

    Le vieux saule était sans murmure,
    Dans les vagues clartés du jour,
    Et l’eau du lac était moins pure,
    Et nos cieux étaient sans amour.

    J’écoutais la triste pensée,
    Ce chant de mon ange Ariel,
    Parmi les...

  • (extrait)

    ... Quand sur les champs du soir la brume étend ses voiles,
    Lorsque, pour mieux rêver, la Nuit au vol errant,
    Sur le pâle horizon détache en soupirant
    Une ceinture d'or de sa robe d'étoiles ;

    Lorsque le crépuscule entr'ouvre, aux bords lointains,
    Du musical éther les portes nuageuses ;
    Alors, avec les vents, les âmes voyageuses
    ...

  • (extraits)

    ... Ils vont toujours. L'horizon s'ouvre immense,
    Il se gonfle, il se perd, et toujours recommence ;
    Confus, inépuisable, il s'enfuit, reculant
    L'orageuse étendue au flot étincelant.
    Et les monts sur les monts s'accumulent sans cesse ;
    Le haut plateau succède au plateau qui s'abaisse,
    Bordant de ces créneaux lugubres, désolés,
    Les...