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    Quand les chênes moussus, vieillis dans les bruyères,
    Sur un sol clairsemé d’ombres et de lumières,
          Se dorent aux rayons du soir...
    Lorsqu’aux pentes des monts parfumes et plus sombres
    Danse sous les noyers un léger réseau d’ombres,
          Souvent j’ai cru vous entrevoir.

    Je vous vois quand, le soir, le meunier paît sa mule,
    Ombre...

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          Ainsi cette mère chérie
          Échangea la pâle clarté
          Du triste soir de cette vie
          Pour l’aube de l’éternité.

          Bénissons son heure dernière !
          Ne la cherchons plus dans ces lieux.
          Rien n’étant parfait sur la terre,
          Dieu la rappela dans les cieux.

    Adieu donc, tu repars pour un ciel sans nuage ;...

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    Quand sur les champs du soir la brume étend ses voiles,
    Lorsque, pour mieux rêver, la Nuit au vol errant,
    Sur le pâle horizon détache en soupirant
    Une ceinture d’or de sa robe d’étoiles.

    Lorsque le crépuscule entr’ouvre aux bords lointains
    Du musical éther les portes nuageuses ;
    Alors, avec les vents, les âmes voyageuses
    Vont chercher d’autres...

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    Je veux pour toi dire mon chant suprême ;
    Car pour une âme inhabile à s’ouvrir,
    Il est si doux de redire qu’elle aime,
    Quand ceux qu’elle aime ont dit : « Il faut partir. »
    Oui, j’ai goûté rêve, avenir, tendresse ;
    Sur moi des cieux il tomba quelques fleurs ;
    Et cependant il manque à ma richesse :
    Toi qui t’en vas, laisse-moi de tes pleurs....

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    À M. CH. SECRÉTAN.

    « J’ai dépassé le peuplier
    Que la brise humide et plaintive
    Incline, argenté et fait plier
    Sur les eaux calmes de la rive.

    » J’ai surmonté le vert coteau,
    La source et les moelleux ombrages
    Dont la tourelle du château
    Voile ses antiques vitrages.

    » J’ai dépassé ce roc plus fier,
    Où la...

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    « Enfants, dit le démon, notre siècle s’approche ;
    » Il faut s’y préparer ; écoutez cette cloche ;
    » Je vous annonce, amis, qu’il n’est plus de retour.
    » Déjà marche à grands pas le soir du dernier jour.
    » Mais comme de ma joie il reste une étincelle,
    » J’invite à mon banquet mon...

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    Quel est ce roi sublime et tendre
    Qui, vers nos déserts attiédis,
    Les yeux en pleurs, paraît descendre
    Les bleus coteaux du paradis ?

    C’est le pauvre Fils de Marie ;
    C’est l’époux de la terre en deuil,
    Qui pose, la lampe de vie
    Dans le mystère du cercueil !

    C’est celui qui, pour nous prédire
    Le soleil d’amour éternel,
    Avec...

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    Qu’un Suisse est fort ! son âme est répandue
    Sur la terre, et les cieux sont sa part.
    Il est roi de l’étendue.
    Dans l’azur ou le brouillard,
    Le pouvoir du montagnard
    C’est l'air du ciel !
    C’est l’air du ciel !

    Qu’il est heureux, le roi des froides cimes !
    Dans l’azur il plonge un long regard,
    S’accoudant sur les abîmes,
    Sur...

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    L’airain sonne ; aux clartés de la lune sereine,
    Sous des voiles d’azur, la nuit d’été ramène
    Les larmes dans les bois et la rosée aux fleurs.
    Dans l'échoppe, au vallon, boivent deux voyageurs.

    Voyez, au travers du vitrage,
    Où l’ormeau berce son feuillage,
    Le croissant les montre à demi.
    Souriant avec amertume
    A sa coupe, où la bière...

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    Sur le flot tiède et noir à l’écume de neige,
    Qui roule et se confond avec l’ombre des cieux,
    Près du lierre des murs que le roulis assiège,
    Un poète rêvait ; des pleurs mouillaient ses yeux.

    Dernier regard plaintif de la lune voilée,
    Un reflet velouté ; doux comme un souvenir,
    Se joue avec caprice au creux de la vallée,
    Sur les rides d’un lac...