• Les passions d’éveil et de savoir ? — Vidées.

    Alors, viens voir ton bel ange gardien, le tien,
    Qui lentement s’assied sur tes tombeaux d’idées.

    Il te parle, très doucement, de l’autrefois ;
    Écoute : et les saluts, jadis, à l’oratoire,
    Et les Noël et les Pâques et puis les Croix
    Et les âmes des tiens qui sont en purgatoire.

    Écoute : et les premiers...

  • Un ami me parlait et me regardait vivre :
    Alors, c'était mourir... mon jeune âge était ivre
    De l'orage enfermé dont la foudre est au coeur ;
    Et cet ami riait, car il était moqueur.
    Il n'avait pas d'aimer la funeste science.
    Son seul orage à lui, c'était l'impatience.
    Léger comme l'oiseau qui siffle avant d'aimer,
    Disant : " Tout feu s'éteint, puisqu'il peut s...

  • L'haleine d'une fleur sauvage,
    En passant tout près de mon coeur,
    Vient de m'emporter au rivage,
    Où naguère aussi j'étais fleur :
    Comme au fond d'un prisme où tout change,
    Où tout se relève à mes yeux,
    Je vois un enfant aux yeux d'ange :
    C'était mon petit amoureux !

    Parfum de sa neuvième année,
    Je respire encor ton pouvoir ;
    Fleur à mon...

  • Oriôn, tout couvert de la neige du pôle,
    Auprès du Chien sanglant montrait sa rude épaule ;
    L'ombre silencieuse au loin se déroulait.
    Alkmène ayant lavé ses fils, gorgés de lait,
    En un creux bouclier à la bordure haute,
    Héroïque berceau, les coucha côte à côte,
    Et, souriant, leur dit : Dormez, mes bien-aimés.
    Beaux et pleins de santé, mes chers petits, dormez...

  • L'enfant chantait; la mère au lit, exténuée,
    Agonisait, beau front dans l'ombre se penchant ;
    La mort au-dessus d'elle errait dans la nuée ;
    Et j'écoutais ce râle, et j'entendais ce chant.

    L'enfant avait cinq ans, et près de la fenêtre
    Ses rires et ses jeux faisaient un charmant bruit ;
    Et la mère, à côté de ce pauvre doux être
    Qui chantait tout le jour...

  • Adieu mes jours enfants, paradis éphémère !
    Fleur que brûle déjà le regard du soleil,
    Source dormeuse où rit une douce chimère,
    Adieu ! L'aurore fuit. C'est l'instant du réveil !

    J'ai cherché vainement à retenir tes ailes
    Sur mon coeur qui battait, disant : " Voici le jour ! "
    J'ai cherché vainement parmi mes jeux fidèles
    A prolonger mon sort dans...

  • (extrait)

    ... Ne crains plus d'exister ! L'avenir, c'est l'enfance !
    Le plus vieux souvenir, la plus jeune espérance,
    Sont deux frères jumeaux, aux pas silencieux,
    Qui se mirent dans l'âme en marchant dam les cieux.

  • Mon enfance captive a vécu dans des pierres,
    Dans la ville où sans fin, vomissant le charbon,
    L?usine en feu dévore un peuple moribond.
    Et pour voir des jardins je fermais les paupières...

    J?ai grandi ; j?ai rêvé d?orient, de lumières,
    De rivages de fleurs où l?air tiède sent bon,
    De cités aux noms d?or, et, seigneur vagabond,
    De pavés florentins où...

  • Par les jardins anciens foulant la paix des cistes,
    Nous revenons errer, comme deux spectres tristes,
    Au seuil immaculé de la Villa d'antan.

    Gagnons les bords fanés du Passé. Dans les râles
    De sa joie il expire. Et vois comme pourtant
    Il se dresse sublime en ses robes spectrales.

    Ici sondons nos coeurs pavés de désespoirs.
    Sous les arbres cambrant...

  • Qu'ils étaient doux ces jours de mon enfance
    Où toujours gai, sans soucis, sans chagrin,
    je coulai ma douce existence,
    Sans songer au lendemain.
    Que me servait que tant de connaissances
    A mon esprit vinssent donner l'essor,
    On n'a pas besoin des sciences,
    Lorsque l'on vit dans l'âge d'or !
    Mon coeur encore tendre et novice,
    Ne connaissait pas...