Rassure-toi : — La Mort est bien le vrai sommeil
Et l’on peut s’endormir sans craindre le réveil
Et l’importunité des songes qui nous leurrent ;
La Mort terrible est douce ; et dit à ceux qui pleurent :
« Venez, vous oublîrez. » — Elle dit aux vaincus
Comme nous...

Un groupe de serpents, sur l’herbe printanière,
Se livre avec furie aux amoureux ébats ;
Quelques traînards, sifflant d’une horrible manière,
Accourent et, tordus d’un replis de lanière,
Sous la foule grouillante enfoncent leurs fronts plats.

Ce ne sont que zigzags...

Le sourire est en fleur sur les lèvres des belles,
Dans la saison d’avril et des robes nouvelles. —
Salut, ô rubans clairs, guimpes et cols brodés,
Bonnets aériens !… toute la panoplie
Révélant le bon goût d’une femme accomplie
Traîne sur les fauteuils. — Les...

A la voix de Jésus Lazare s’éveilla.
Livide, il se dressa debout dans les ténèbres ;
Il sortit tressaillant dans ses langes funèbres,
Puis, tout droit devant lui, grave et seul s’en alla.

Seul et grave, il marcha depuis lors dans la ville,
Comme cherchant quelqu’un...

Poet: Léon Dierx

La blanche Vérité dort au fond d’un grand puits.
Plus d’un fuit cet abîme ou n’y prend jamais garde ;
Moi, par un sombre amour, tout seul je m’y hasarde,
J’y descends à travers la plus noire des nuits.

Et j’entraîne le câble aussi loin que je puis ;
Or je l’ai...

Le fossoyeur fut le premier
Laboureur du monde où nous sommes.
La mort l’a choisi pour fermier,
Dans les champs il sème des hommes.

Il sème. Il ne voit rien venir
Lorsqu’au printemps poussent les herbes ;
Il faut des siècles d’avenir
Pour que germent...

Poet: Jules Forni

Dans un parc oublié dont le silence amorce
Les rêveurs, sentinelle ancienne du seuil,
Le grand arbre muet isole son orgueil,
Et vers le ciel étend ses branches avec force.

Son tronc noir se raidit musculeux comme un torse,
Et son cœur dépouillé ferait un bon...

Sous les rayons vivants de tes chaudes prunelles
Le jardin de mon cœur fleurit abondamment,
Et l’encens de ses fleurs transparentes et belles
Parfume la splendeur tiède du ciel charmant.

La fraîcheur des ruisseaux baigne d’un doux murmure
Le sommeil lent et sourd...

Las des pédants de Salamanque
Et de l’école aux noirs gradins,
Je vais me faire saltimbanque
Et vivre avec les baladins.

Que je couche entre quatre toiles,
La nuque sur un vieux tambour,
Mais que la fraîcheur des étoiles
Baigne mon front brûlé d’amour...

Qu’il est inquiet, le mercure !
— Inquiet autant que mon cœur ! —
Quand une surface bien pure
Étale sous lui sa longueur.

Il hésite, il palpite, il tremble,
Inquiet, sans but et sans loi.
Oh ! comme mon cœur lui ressemble
Lorsque mon cœur est loin de...