Le Parnasse contemporain/1866/Le Jardin

Sous les rayons vivants de tes chaudes prunelles
Le jardin de mon cœur fleurit abondamment,
Et l’encens de ses fleurs transparentes et belles
Parfume la splendeur tiède du ciel charmant.

La fraîcheur des ruisseaux baigne d’un doux murmure
Le sommeil lent et sourd des bois extasiés :
Le vent harmonieux bruit sous leur ramure
Et les gazhels d’Hudhud pleurent dans les rosiers.

Exhalant, de ton sein, des flots d’odeurs, écloses
Parmi l’or et l’azur des jardins immortels,
O divine houri, tu descends dans les roses
Pour écouter Hudhud soupirer ses gazhels ;

Et tout en l’écoutant, tu laisses tes mains blanches
Dont la chair diaphane est faite de clarté,
Courir dans l’émail jeune et délicat des branches,
Comme un rapide éclair dans le ciel de l’été.

Cueille-toi dans mon cœur une moisson nombreuse,
Tant qu’il resplendira sous tes yeux éclatants
L’éternelle vigueur de sa séve amoureuse
Rajeunira sans fin son éternel printemps !

Collection: 
1971

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