Jeune fille, ton coeur avec nous veut se taire
Tu fuis, tu ne ris plus ; rien ne saurait te plaire.
La soie à tes travaux offre en vain des couleurs ;
L'aiguille sous tes doigts n'anime plus des fleurs.
Tu n'aimes qu'à rêver, muette, seule, errante,
Et la rose pâlit sur ta bouche mourante.
Ah ! mon oeil est savant et depuis plus d'un jour,
Et ce n'est...
-
-
Ah ! prends un coeur humain, laboureur trop avide.
Lorsque d'un pas tremblant l'indigence timide
De tes larges moissons vient, le regard confus,
Recueillir après toi les restes superflus,
Souviens-toi que Cybèle est la mère commune.
Laisse la probité que trahit la fortune,
Comme l'oiseau du ciel, se nourrir à tes pieds
De quelques grains épars sur la terre... -
Par quel sort, par quel art, pourrois-je à ton coeur rendre
Au moins s'il peut vers moy s'engourdir de froideur,
Ceste vive, gentille, et vertueuse ardeur
Qui vint pour moy soudain, de soy-mesme s'éprendre.
Et quoy ? la pourrois tu comme au paravant prendre
Pour fatale rencontre, et parlant en rondeur
D'esprit, comme je croy, la juger pour grand heur,... -
Je pensais que mon coeur échappé du naufrage
Dût être maintenant un peu plus avisé,
Mais quoi ! plus on le trompe et moins il est rusé,
Plus il vieillit au monde et moins il devient sage.
Revoyant la mer calme et le ciel sans nuage
Il se remit au vent qui l'avait maitrisé :
Hélas il te faudrait, pauvre coeur abusé,
Avoir de la fortune autant que... -
Qu'en dites-vous, mon Coeur ? Je vous prie de le dire.
Quoi ? vous rêvez, ce semble, ô quelle étrange humeur !
Mais ce beau teint changeant m'avant-court un bonheur,
Et ce vent tremblotant qui doucement soupire.
Las ! ce bel oeil baissé, dont le jour se retire,
Pourrait bien messager quelque étrange douceur :
Non, ce souris bénin présage une douleur,... -
Mon âme, à Dieu, quoi que le coeur m'en fende,
Et que l'Amour de partir me défende,
Ce traître honneur veut pour me martyrer,
Par un départ nos deux coeurs déchirer,
Et de laisser ton bel oeil me commande.
Je ne veux pas qu'en larmes tu t'épande,
Et sans qu'en rien ton amour appréhende,
Dis-moi gaiement, sans plaindre et soupirer,
Mon âme, à... -
Comme aux âges naïfs, je t'ai donné mon coeur,
Ainsi qu'une ample fleur,
Qui s'ouvre pure et belle aux heures de rosée ;
Entre ses plis mouillés ma bouche s'est posée.
La fleur, je la cueillis avec des doigts de flamme,
Ne lui dis rien : car tous les mots sont hasardeux
C'est à travers les yeux que l'âme écoute une âme.
La fleur qui est mon... -
Avec mes sens, avec mon coeur et mon cerveau,
Avec mon être entier tendu comme un flambeau
Vers ta bonté et vers ta charité
Sans cesse inassouvies,
Je t'aime et te louange et je te remercie
D'être venue, un jour, si simplement,
Par les chemins du dévouement,
Prendre, en tes mains bienfaisantes, ma vie.
Depuis ce jour,
Je sais, oh ! quel amour... -
Fut-il jamais douceur de coeur pareille
À voir Manon dans mes bras sommeiller ?
Son front coquet parfume l'oreiller ;
Dans son beau sein j'entends son coeur qui veille.
Un songe passe, et s'en vient l'égayer.
Ainsi s'endort une fleur d'églantier,
Dans son calice enfermant une abeille.
Moi, je la berce ; un plus charmant métier
Fut-il jamais ?... -
Qui est ami du coeur est ami de la bourse,
Ce dira quelque honnête et hardi demandeur,
Qui de l'argent d'autrui libéral dépendeur
Lui-même à l'hôpital s'en va toute la course.
Mais songe là-dessus qu'il n'est si vive source
Qu'on ne puisse épuiser, ni si riche prêteur
Qui ne puisse à la fin devenir emprunteur,
Ayant affaire à gens qui n'ont point de...