• Il fait un de ces temps où la sueur vous trempe,
    Où l’on est de plomb pour marcher,
    Gorge sèche et feu dans les tempes....

  • En ce temps-là, Jésus était dans la Judée ;
    Il avait délivré la femme possédée,
    Rendu l’ouïe aux sourds et guéri les lépreux ;
    Les prêtres l’épiaient et parlaient bas entre eux.
    Comme il s’en retournait vers la ville bénie,
    Lazare, homme de bien, mourut à Béthanie.
    Marthe et Marie étaient ses sœurs ; Marie, un jour,
    Pour laver les pieds nus du maître...

  • XXXI

    Après avoir donné son aumône au plus jeune,
    Pensif, il s’arrêta pour les voir. — Un long jeûne
    Avait maigri leur joue, avait flétri leur front.
    Ils s’étaient tous les quatre à terre assis en rond,
    Puis, s’étant partagé, comme...

  •  
    Je ne te raille point, jeune prostituée !
    Tu vas l’œil provocant, le pied galant et prompt,
    A travers le sarcasme et l’ignoble huée :
    Ton immuable rire est plus fort que l’affront.

    Et moi, je porte au bal le masque de mon front ;
    J’y vais, l’âme d’amour à vingt ans dénuée,
    Mendier des regards dans la blanche nuée
    Des vierges dont jamais les...

  •  

    Mignonne au front pudique et tendre,
    Nous nous aimons d’un amour pur,
    Et dés longtemps, triste à t’attendre,
    J’entrevoyais tes yeux d’azur.

    Comme une étoile lente A naître
    Qu’un pâtre attend sur des sommets,
    Tu m’éclairais sans me connaître,
    Sans te connaître je t’aimais.

    Aussi quand je t’ai rencontrée,
    Charmante, avec ton air...

  •  
    À OGIER D’IVRY

    AVEC ses grands yeux noirs et sa bouche de mûre,
    Et de ses lourds cheveux la nocturne toison,
    Elle a mis dans mon cœur l’effroyable poison
    Dont on aime à souffrir malgré qu’on en murmure.

    Astre pâle qu’on voit à travers la ramure
    D’un seul rayon, sa flamme a fondu ma raison.
    O Femme épanouie en pleine floraison...

  •   
    Enfant au teint brun, aux dents blanches,
    Ton petit bras derrière toi
    Tire un tremblant faisceau de branches.
    Ô doux être d’ombre et d’effroi,

    Dans la clairière aux vertes routes,
    Tu passes ; nous nous regardons,
    Moi, plein de songes et de doutes,
    Toi, les pieds nus dans les chardons.

    À nous deux, seuls dans la rosée,
    Nous...

  •  
    Comme je voyageais au fond de nos campagnes,
    Seul, à pied, admirant, perdu dans les montagnes,
    Ce pays de vallons, de rivières, de bois,
    De chapelles sans nombre et de petites croix,
    Tableau qui parle au cœur et pour les yeux varie,
    Tout à coup, au milieu de cette rêverie,
    J'entendis près de moi le pas égal et lourd
    D'un grave laboureur qui s'...

  •  
    Le spectre que parfois je rencontre riait.
    — Pourquoi ris-tu ? Lui dis-je. ― Il dit : ― Homme inquiet,
    Regarde.
                       Il me montrait dans l’ombre un cimetière.

    J’y vis une humble croix près d’une croix altière ;
    L’une en bois, l’autre en marbre ; et le spectre reprit,
    Tandis qu’au loin le vent passait comme un esprit
    Et des arbres...

  •    Quand tu ouvres la bouche — ô Gul-i-siah —
    j’aperçois une caverne où s’alignent des perles dédaignées
    du tellal.

       Quand ton haleine m’atteint — ô Gul-i-siah — je
    porte sans délai la rose à mes narines.

       Quand tu commences un récit — ô Gul-i-siah —
    les serpents sifflent dans les airs et les scorpions s’entretuent.

    ...