• I

    Ce siècle froid et sérieux
    Ne croit plus aux folles chimères ;
    Ils sont passés les temps joyeux
    Dont nous ont parlé nos grand’mères !

    Quand l’amour sensible et bien né,
    Secouant des branches fleuries,
    Souriait, tout enrubanné,
    Dans la fraîcheur des bergeries,

    Et, le soir, sous les marronniers,
    Pressait la belle qui menace,...

  • Au fond du cabinet de soie,
    Dans le pavillon de l’étang,
    Pi-pi, po-po ! Le feu flamboie.
    L’horloge dit : Ko-tang, ko-tang !

    Au dehors, la neige est fleurie,
    Et le long des sentiers étroits,
    Le vent, qui souffle avec furie,
    Disperse au loin ses bouquets froids.

    Sous le givre qui les pénètre,
    Les noirs corbeaux, en manteau blanc,
    ...

  •  
    Océan, Océan, quand ta houle écumante
    Roule, vague sur vague, aux coups de la tourmente,
    Un flot majestueux, d’un seul jet dans les airs,
    Monte submergeant tout de son élan sublime :
    Comme un cratère on voit au vent fumer sa cime,
    Et de sa masse énorme il domine les mers.

    Les ondulations que son volume écrase
    Viennent incessamment se briser à...

  • La lumière s’éveille à l’orient du monde.

    Elle s’épanouit en gerbes, elle inonde,
    Dans la limpidité transparente de l’air,
    Le givre des hauts pics d’un pétillant éclair.
    Au loin, la mer immense et concave se mêle
    À l’espace infini d’un bleu léger comme elle,
    Où, s’enlaçant l’un l’autre en leurs cours diligents,
    Sinueux et pareils à des fleuves d’...

  • Quand dans l’air obscurci sévit le rude hiver
    Qu’il balaye la neige au plus haut de l’éther,
    Le paysan transi de froid et de misère
    À l’aspect de ses champs pleure et se désespère :
    Il voit surgir des monts jusqu’alors inconnus,
    Disparaître la plaine et ses sentiers connus,
    Son œil inquisiteur ne voit plus la...

  • (Études latines, XI)

    Plus de neiges aux prés. La Nymphe nue et belle
    Danse sur le gazon humide et parfumé ;
    Mais la mort est prochaine ; et, nous touchant de l'aile,
    L'heure emporte ce jour aimé.

    Un vent frais amollit l'air aigu de l'espace ;
    L'été brûle ; et voici, de ses beaux fruits chargé,
    L'Automne au front pourpré ; puis l'Hiver, et tout...

  • Sainte Notre-Dame, en beau manteau d'or,
    De sa lande fleurie
    Descend chaque soir, quand son Jésus dort,
    En sa Ville-Marie.
    Sous l'astral flambeau que portent ses anges,
    La belle Vierge va
    Triomphalement, aux accords étranges
    De céleste bîva.

    Sainte Notre-Dame a là-haut son trône
    Sur notre Mont-Royal ;
    Et de là, son oeil subjugue le Faune...