• Les poëtes chinois, épris des anciens rites,
    Ainsi que Li-Tai-Pé, quand il faisait des vers,
    Placent sur leur pupitre un pot de marguerites
    Dans leurs disques montrant l’or de leurs cœurs ouverts.

    La vue et le parfum de ces fleurs favorites,
    Mieux que les pêchers blancs et que les saules verts,
    Inspirent aux lettrés, dans les formes prescrites,
    Sur un...

  • O fille de Palma ! Violente adorée,
    Poëme que Titien jusqu’à sa mort chanta,
    Œuvre folle des Dieux par le soleil dorée
    Comme un pampre lascif qu’arrose la Brenta !

    Fleur de la volupté, splendide Violante,
    Ton nom vient agiter le corps avant le cœur,
    Tu soulèves l’amour sur ta lèvre brûlante,
    Où les pâles désirs s’abattent tout en chœur.

    O fille...

  • Que tes yeux sont charmants et profonds : ils sont plus
    Immenses que la mer et plus infinis qu’elle :
    Les horizons, qu’emplit la houle de son flux,
    Sont moins lointains que ceux qu’on voit en ta prunelle.

    Ma contemplation s’abîme dans tes yeux,
    Mer idéale dont les houles fantastiques
    Sur leur indéfini vague et silencieux
    Bercent languissamment mes...

  • Rassure-toi : — La Mort est bien le vrai sommeil
    Et l’on peut s’endormir sans craindre le réveil
    Et l’importunité des songes qui nous leurrent ;
    La Mort terrible est douce ; et dit à ceux qui pleurent :
    « Venez, vous oublîrez. » — Elle dit aux vaincus
    Comme nous : — « Venez tous ; vous ne lutterez plus.
    » Venez, dans le lait noir de mes noires mamelles,...

  • Un groupe de serpents, sur l’herbe printanière,
    Se livre avec furie aux amoureux ébats ;
    Quelques traînards, sifflant d’une horrible manière,
    Accourent et, tordus d’un replis de lanière,
    Sous la foule grouillante enfoncent leurs fronts plats.

    Ce ne sont que zigzags dans une masse noire,
    Étreintes, coups de fouet, brusques convulsions,
    C’est un chaos d...

  • La Reine Nicosis, portant des pierreries,
    A pour parure un calme et merveilleux concert
    D’étoffes, où l’éclair d’un flot d’astres se perd
    Dans les lacs de lumière et les flammes fleuries.

    Son vêtement tremblant chargé d’orfévreries
    Est fait d’un tissu rare et sur la pourpre ouvert,
    Où l’or éblouissant, tour à tour rouge et vert,
    Sert de fond...

  • Timide, il me souvient qu’un jour je l’ai menée
    Sur la terrasse haute au splendide coup d’œil,
    Où jadis un château gothique sous l’orgueil
    De ses tours a tenu la plaine dominée.

    C’était en juin, le mois le plus doux de l’année,
    Le soir de la Saint-Jean… Les étoiles, au seuil
    Du ciel bleu, surgissaient pâles et comme en deuil,
    La plaine de grands feux...

  • Silencieux, les poings aux dents, le dos ployé,
    Enveloppé du noir manteau de ses deux ailes,
    Sur un pic hérissé de neiges éternelles,
    Une nuit, s’arrêta l’antique Foudroyé.

    La terre prolongeait en bas, immense et sombre,
    Les continents battus par la houle des mers ;
    Au-dessus flamboyait le ciel plein d’univers ;
    Mais lui ne regardait que l’abîme de l...

  • Le sourire est en fleur sur les lèvres des belles,
    Dans la saison d’avril et des robes nouvelles. —
    Salut, ô rubans clairs, guimpes et cols brodés,
    Bonnets aériens !… toute la panoplie
    Révélant le bon goût d’une femme accomplie
    Traîne sur les fauteuils. — Les tiroirs sont vidés.

    C’est la fin d’un grand deuil. — La veuve blanche et rose
    Travaille avec...

  • Au tintement de l’eau dans les porphyres roux
    Les rosiers de l’Iran mêlent leurs frais murmures,
    Et les ramiers rêveurs leurs roucoulements doux.
    Tandis que l’oiseau grêle et le frêlon jaloux,
    Sifflant et bourdonnant, mordent les figues mûres,
    Les rosiers de l’Iran mêlent leurs frais murmures
    Au tintement de l’eau dans les porphyres roux.

    Sous les...