• Fontaine, dont l'eau cristalline,
    D'amont le rocher tombe aval,
    Murmurant parmi la colline,
    Puis tombe paisible en son val,
    Où d'une trace continue
    Torse en serpent, se traîne et pousse,
    Et, à travers l'herbe menue,
    Passe, arrosant l'épaisse mousse,
    Mille et mille oiseaux qui te hantent,
    Le flateux bruit, le frais des eaux,
    Et les...

  • Comme le flot des mers ondulant vers les plages,
    Ô bois, vous déroulez, pleins d'arome et de nids,
    Dans l'air splendide et bleu, vos houles de feuillages ;
    Vous êtes toujours vieux et toujours rajeunis.

    Le temps a respecté, rois aux longues années,
    Vos grands fronts couronnés de lianes d'argent ;
    Nul pied ne foulera vos feuilles non fanées :
    Vous...

  • Ô Fontaine Bellerie,
    Belle fontaine chérie
    De nos Nymphes, quand ton eau
    Les cache au creux de ta source,
    Fuyantes le Satyreau,
    Qui les pourchasse à la course
    Jusqu'au bord de ton ruisseau,

    Tu es la Nymphe éternelle
    De ma terre paternelle :
    Pource en ce pré verdelet
    Vois ton Poète qui t'orne
    D'un petit chevreau de lait,...

  • Cette fontaine est froide, et son eau doux-coulante,
    A la couleur d'argent, semble parler d'Amour ;
    Un herbage mollet reverdit tout autour,
    Et les aunes font ombre à la chaleur brûlante.

    Le fueillage obeyt à Zephyr qui l'évante,
    Souspirant, amoureux, en ce plaisant séjour ;
    Le soleil clair de flame est au milieu du jour,
    Et la terre se fend de l'...

  • Cette claire fontaine,
    Coulant de veine en veine,
    Vient du sein de la mer,
    Et par d'autres canaux rejoint son centre cher.

    Et d'où viens-tu, mon âme ?
    Je me ravis, je pâme :
    C'est de Dieu que tu viens,
    Abîme-toi dans Dieu, l'océan de tes biens.

    Comme cette eau, tu coules,
    Comme cette eau, tu roules,
    Mais par des sentiers faux....

  • Je ne veux qu'une seule leçon, c'est la tienne,
    fontaine, qui en toi-même retombes, -
    celle des eaux risquées auxquelles incombe
    ce céleste retour vers la vie terrienne.

    Autant que ton multiple murmure
    rien ne saurait me servir d'exemple ;
    toi, ô colonne légère du temple
    qui se détruit par sa propre nature.

    Dans ta chute, combien se...

  • Tel cheval qui boit à la fontaine,
    telle feuille qui en tombant nous touche,
    telle main vide, ou telle bouche
    qui nous voudrait parler et qui ose à peine -,

    autant de variations de la vie qui s'apaise,
    autant de rêves de la douleur qui somnole :
    ô que celui dont le coeur est à l'aise,
    cherche la créature et la console.

  • A la morne Chartreuse, entre des murs de pierre,
    En place de jardin l'on voit un cimetière,
    Un cimetière nu comme un sillon fauché,
    Sans croix, sans monument, sans tertre qui se hausse :
    L'oubli couvre le nom, l'herbe couvre la fosse ;
    La mère ignorerait où son fils est couché.

    Les végétations maladives du cloître
    Seules sur ce terrain peuvent...

  • Baigne mes pieds du cristal de tes ondes,
    O ma fontaine ! et sur ton frais miroir,
    Laisse tomber mes longues tresses blondes
    Flottant au gré de la brise du soir !

    Nymphe des bois, sur ton bassin penchée,
    J'aime à rêver à l'ombre des roseaux,
    Quand une feuille à sa tige arrachée,
    Ride en tombant la nappe de tes eaux.

    J'aime à plonger ma taille...

  • Les vents, même les vents, qu'on entend respirer,
    Et parmi ces rochers, et parmi ces ombrages,
    Eux qui me font aimer ces aimables rivages,
    Ont appris de Pétrarque à si bien soupirer.

    Les flots, même les flots, qu'on entend murmurer
    Avec tant de douceur, dans des lieux si sauvages,
    Imitent une voix qui charmait les courages
    Et parlent d'un objet qu'...