Frappe encore, ô Douleur, si tu trouves la place !
Frappe, ce cœur saignant t'abhorre et te rend grâce,
Puissance qui ne sais plaindre ni pardonner !
Quoique mes yeux n'aient plus de pleurs à te donner,
Il est peut-être en moi quelque fibre sonore
Qui peut sous ton regard se torturer encore,
Comme un serpent coupé, sur le chemin gisant,
Dont le tronçon...
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Comme il vient de porter sa pauvre femme en terre,
Et qu’on est d’humeur noire un jour d’enterrement,
Il entre au cabaret ; car la tristesse altère,
Et les morts sont bien morts ! — c’est là son sentiment.Il se prouve en buvant que la vie est sévère ;
Et, vu que tout bonheur ne dure qu’un moment,
Il regarde finir mélancoliquement
Le tabac dans sa... -
L'un t'éclaire avec son ardeur,
L'autre en toi met son deuil, Nature !
Ce qui dit à l'un : Sépulture !
Dit à l'autre : Vie et splendeur !
Hermès inconnu qui m'assistes
Et qui toujours m'intimidas,
Tu me rends l'égal de Midas,
Le plus triste des alchimistes ;
Par toi je change l'or en fer
Et le paradis en enfer ;
Dans le suaire des... -
L'Honneur de souffrir
ANNA DE NOAILLES.
Douleur, je vous déteste ! Ah ! que je vous déteste !
Souffrance, je vous hais, je vous crains, j'ai l'horreur
De votre guet sournois, de ce frisson qui reste
Derrière vous, dans la chair, dans le coeur...
Derrière vous, parfois vous précédant,
J'ai senti cette chose inexprimable, affreuse :
Une... -
Plus j'ai de bien, plus ma douleur augmente ;
Plus j'ai d'honneur et moins je me contente ;
Car un reçu m'en fait cent désirer.
Quand riens je n'ai, de riens ne me lamente,
Mais ayant tout, la crainte me tourmente,
Ou de le perdre ou bien de l'empirer.
Las ! je dois bien mon malheur soupirer,
Vu que d'avoir un bien je meurs d'envie,
Qui est ma... -
- Qu'a donc l'ombre d'Allah ? disait l'humble derviche ;
Son aumône est bien pauvre et son trésor bien riche !
Sombre, immobile, avare, il rit d'un rire amer.
A-t-il donc ébréché le sabre de son père ?
Ou bien de ses soldats autour de son repaire
Vu rugir l'orageuse mer ?
- Qu'a-t-il donc le pacha, le vizir des armées ?
Disaient les bombardiers, leurs... -
Divin Ronsard, après que la douleur
M'aura couché sous une froide lame,
Et que l'Amour, sans barque ni sans rame,
M'aura fait voir le monde sans couleur,
Après ma mort, sanglote mon malheur,
Et d'un long cri qui les rochers entame
Dis aux passants qu'aux regards de ma dame,
Chaud et brûlant j'immolai tout mon coeur.
Arrose après mon... -
A PAUL VERLAINE.
I
Par le jardin royal, en l'arôme des roses,
La princesse aux yeux pers, soeur nubile des fleurs,
Erre en pleurs au vouloir de ses rêves moroses :
Les mille et mille voix du triomphal matin
Lui murmurent l'amour, et le soleil sommeille
En ses cheveux épars sur son col enfantin.
Un jet d'eau dont la gerbe en...