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        Je subis la langueur du jour déjà pâli…
        Je suis très lasse, et je ne veux plus que l’oubli.

        Si l’on parle de moi, l’on mentira sans doute.
        Et mes pieds ont été déchirés par la route.

        Certes, on doit trouver plus loin des cieux meilleurs,
        Des visages plus doux… Je veux aller ailleurs…

        Je vous l’ai dit, je suis affaiblie...

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            Le couchant adoucit le sourire du ciel.
            La nuit vient gravement, ainsi qu’une prêtresse.
            La brise a déroulé, d’un geste de caresse,
            Tes cheveux aux blondeurs de maïs et de miel.

            Tes lèvres ont gardé le pli de la parole
            Dont mon rêve attentif s’est longtemps enchanté.
            Une voix de souffrance a...

  • Aux bords retentissants des plages écumeuses
    Pleines de longs soupirs mêlés de lourds sanglots,
    Sous le déroulement monotone des flots ;
    Près des gouffres remplis des falaises brumeuses ;

    À l'heure où le soleil, ainsi qu'un roi cruel
    Qui veut parer de draps sanglants ses funérailles,
    Se déchire et secoue au dehors ses entrailles ;
    À l'heure où...

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    En passant sur le pont de la Tournelle, un soir,
    Je me suis arrêté quelques instants pour voir
    Le soleil se coucher derrière Notre-Dame.
    Un nuage splendide à l’horizon de flamme,
    Tel qu’un oiseau géant qui va prendre l’essor,
    D’un bout du ciel à l’autre ouvrait ses ailes d’or ;
    — Et c’étaient des clartés à baisser la paupière.
    Les tours au...

  • Chancelants & courbés sous le poids des années,
    Par l’ouragan d’hiver plantes déracinées,
    Ils sont vieux tous les deux. L’un près de l’autre assis
    Ils écoutent au loin des chansons & des rondes,
    Et regardent sauter des fraîches têtes blondes
    Sur les grands tas de foin par le soleil roussis.
    Les enfants sont en joie & la nature en fête.
    ...

  • Le disque glorieux tombant dans les flots roux
    Éclabousse d’éclairs le mur de la falaise ;
    Il semble que dans l’air apaisé tout se taise,
    Et que la mer farouche endorme son courroux.

    La vague, avec un son mélancolique et doux,
    Se gonfle en frissonnant sous le vent qui la baise,
    Et scintille aux derniers reflets de la fournaise
    Qui fait l’aurore...

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    Le soleil disparaît dans l’ombre du couchant,
    Mélancolique adieu d’un jour de notre vie ;
    Et ce jour qui s’éteint dans sa calme agonie,
    N’est plus qu’une lueur au bord du noir néant.

    Et la Terre qui flotte et vogue dans l’espace,
    Laisse loin derrière elle et nos ans écoulés
    Et nos ambitions, nos projets écroulés,
    Dans un muet sillage où tout...

  • A Reine-Anne

    Voici venir vers nous le soir aux yeux de cendre,
    Clairs encor d'un reflet de la braise du jour
    Dans le couchant d'août, ma mie, allons l'attendre,
    Parmi l'or pâlissant de notre été d'amour.

    Nous lui dirons : « Sois pur, soir pacifique et tendre,
    Fraîcheur des champs brûlés, repos des membres lourds,
    Oh ! ne te hâte point, soir...

  • Les ajoncs éclatants, parure du granit,
    Dorent l'âpre sommet que le couchant allume ;
    Au loin, brillante encor par sa barre d'écume,
    La mer sans fin commence où la terre finit.

    A mes pieds c'est la nuit, le silence. Le nid
    Se tait, l'homme est rentré sous le chaume qui fume.
    Seul, l'Angélus du soir, ébranlé dans la brume,
    A la vaste rumeur de l'...

  • Au Bois


    Quel couchant douloureux nous avons eu ce soir !
    Dans les arbres pleurait un vent de désespoir, Abattant du bois mort dans les feuilles rouillées. À travers le lacis des branches dépouillées
    Dont l'eau-forte sabrait le ciel bleu-clair et froid, Solitaire et navrant, descendait l'astre-roi. Ô Soleil ! l'autre été, magnifique en ta gloire,
    Tu sombrais,...