•         Adieu, mes fidèles amours,
            Adieu le charme de ma vie !
    Notre félicité d’amertume est suivie,
    Et nous avons bien cher payé quelques beaux jours !
        Mais le remords ne trouble point notre âme,
        Et, comme toi, fidèle en mes douleurs,
    Contre tous les plaisirs d’une nouvelle flamme
            Je n’échangerais pas mes pleurs !

        ...

  • Voici le dernier mois vermeil :

    Lunes rouges, pourpres soleils.

    Et bellement, le long des haies,
    Comme des clous, pointent les baies ;
    Et brusquement c’est le coq clair,
    Qui déchire d’un spasme et d’un éclair
    Et d’un grand cri de violence
    Le mol silence
    Dont les voiles pendent et s’affaissent dans l’air....

  •  
    Est-ce toy, chère Élise ?
    Racine, Esther.

    I

    C’est là qu’elle priait. Là, sur ces blanches dalles
    Où je foule à mes pieds des tombes féodales.
    Vaguement enivré de la pompe des soirs,
    D’orgues, de chants divins, d’étoffes, d’encensoirs
    Et de beaux corps de femme à genoux sur la pierre,
    Je ne regardais qu’elle et sa...

  • Il n’avait pas dix ans. Je gage qu’elle, à peine,
    Sur son front virginal accusait la douzaine…
    Délaissant leurs troupeaux, tout en haut des rochers,
    Ils se sentaient heureux de vivre, étant bergers !
    Chargé de lourds embruns et de senteurs marines,
    L’âcre vent de Gwalarn dilatait leurs narines,
    Et leur mettait au cœur un besoin d’être fol,
    De rire, de...

  •  
    I

    Tous les escaladeurs de ciel et de nuées,
    Tous les porteurs de croix, tous les voleurs de feu
    Qui vont vers la lumière à travers les huées
    Cherchent dans un regard l’infini du ciel bleu.

    Quel que soit leur Calvaire, il leur faut une femme !
    Parfums de Madeleine, oh ! tombez sur leurs pieds !
    Linge de Véronique, approchez, comme une âme,...

  •  
    Nos yeux se sont croisés et nous nous sommes plu.
    Née au siècle où je vis et passant où je passe,
    Dans le double infini du temps et de l’espace
    Tu ne me cherchais point, tu ne m’as point élu ;

    Moi, pour te joindre ici le jour qu’il a fallu,
    Dans le monde éternel je n’avais point ta trace,
    J’ignorais ta naissance et le lieu de ta race :
    Le sort...

  • Pourquoi donc, jeune Laïs,
    Rêveuse au bord de ma couche,
    Sur mes amours au pays
    M’interroger bouche à bouche ?
    J’ai, pour eux, dans nos déserts,
    Chanté sur toutes les notes…
    Mais, à propos de mes vers,
    Faites donc vos papillotes.
    Vous soupirez, et pourquoi ?
    Riez vite !
    Ma petite :
    Vous soupirez, et pourquoi ?
    Riez vite,...

  •  

    ON aime trop souvent toutes sortes de choses ;
    On s’encombre le cœur de petites amours,
    D’attachements légers nés de futiles causes,
    Comme d’actes sans but on appauvrit ses jours.

    Et quand l’instant arrive où la grande tendresse
    Cherche où s’épanouir en toute liberté,
    Elle vient gravement, la sainte enchanteresse,
    Et frappe, et trouve un cœur...

  •  
    Le meilleur moment des amours
    N’est pas quand on a dit : « Je t’aime. »
    Il est dans le silence même
    À demi rompu tous les jours ;

    Il est dans les intelligences
    Promptes et furtives des cœurs ;
    Il est dans les feintes rigueurs...

  • Si les chastes amours avec respect louées
    Éblouissent encor ta pensée et tes yeux,
    N’effleure point les plis de leurs robes nouées :
    Garde la pureté de ton rêve pieux.

    Ces blanches visions, ces vierges que tu crées
    Sont ta jeunesse en fleur épanouie au ciel !
    Verse à leurs pieds le flot de tes larmes sacrées,
    Brûle tous tes parfums sur leur mystique...