ON aime trop souvent toutes sortes de choses ;
On s’encombre le cœur de petites amours,
D’attachements légers nés de futiles causes,
Comme d’actes sans but on appauvrit ses jours.
Et quand l’instant arrive où la grande tendresse
Cherche où s’épanouir en toute liberté,
Elle vient gravement, la sainte enchanteresse,
Et frappe, et trouve un cœur déjà tout habité !
Lors, dolente, elle part et va chez d’autres âmes
Qui soupirent sous les étoiles, dans le soir,
Chez des âmes d’enfants et des âmes de femmes
Qui n’ont connu jamais de l’amour que l’espoir.
On aime trop souvent toutes sortes de choses,
On s’épuise le cœur de moment en moment ;
La lassitude vient de ces amours sans causes,
Et par petits morceaux le cœur meurt tristement…