• L'automne fait les bruits froissés

    De nos tumultueux baisers.



    Dans l'eau tombent les feuilles sèches

    Et sur ses yeux, les folles mèches.



    Voici les pèches, les raisins,

    J'aime mieux sa joue et ses seins.



    Que me fait le soir triste et rouge,

    Quand sa lèvre boudeuse bouge ?...

  • Le parc bien clos s'emplit de paix et d'ombre lente :
    Un vent grave a soufflé sur le naïf orgueil
    Du lys et la candeur de la rose insolente ;
    Mais les arbres sont beaux comme des rois en deuil.

    Encore un soir ! Des voix éparses dans l'automne
    Parlent de calme espoir et d'oubli ; l'on dirait
    Qu'un verbe de pardon mystérieux résonne
    Parmi les rameaux...

  • Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !
    Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
    Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
    Convient à la douleur et plaît à mes regards !

    Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,
    J'aime à revoir encor, pour la dernière fois,
    Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
    Perce à peine à mes pieds l...

  • L'azur n'est plus égal comme un rideau sans pli.
    La feuille, à tout moment, tressaille, vole et tombe ;
    Au bois, dans les sentiers où le taillis surplombe,
    Les taches de soleil, plus larges, ont pâli.

    Mais l'oeuvre de la sève est partout accompli :
    La grappe autour du cep se colore et se bombe,
    Dans le verger la branche au poids des fruits succombe,
    Et...

  • Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal :
    " Pour toi, bizarre amant, quel est donc mon mérite ? "
    - Sois charmante et tais-toi ! Mon coeur, que tout irrite,
    Excepté la candeur de l'antique animal,

    Ne veut pas te montrer son secret infernal,
    Berceuse dont la main aux longs sommeils m'invite,
    Ni sa noire légende avec la flamme écrite.
    Je hais la...

  • I

    Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
    Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
    J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
    Le bois retentissant sur le pavé des cours.

    Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère,
    Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
    Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
    Mon coeur ne...

  • Sois le bienvenu, rouge Automne,
    Accours dans ton riche appareil,
    Embrase le coteau vermeil
    Que la vigne pare et festonne.

    Père, tu rempliras la tonne
    Qui nous verse le doux sommeil ;
    Sois le bienvenu, rouge Automne,
    Accours dans ton riche appareil.

    Déjà la Nymphe qui s'étonne,
    Blanche de la nuque à l'orteil,
    Rit aux chants ivres de...

  • Aux branches que l'air rouille et que le gel mordore,
    Comme par un prodige inouï du soleil,
    Avec plus de langueur et plus de charme encore,
    Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil.

    Dans sa corbeille d'or, août cueillit les dernières :
    Les pétales de pourpre ont jonché le gazon.
    Mais voici que, soudain, les touffes printanières
    Embaument...

  • L'automne a dénudé les glèbes et le soir.
    Un soir d'exil et de mains désunies,
    S'approche à l'horizon des plaines infinies,
    Roi dévêtu de pourpre et spolié d'espoir.

    Ô marcheur aux pieds nus et las qui viens t'asseoir
    Sans compagnon, parmi les landes défleuries,
    Près des eaux mornes, quelles mêmes agonies
    Alourdissent ton front vers ce triste...

  • Par la brise d'automne à la forêt volée,
    Une feuille d'érable erre dans la vallée :
    Papillon fantastique aux ailes de carmin !
    Un enfant, qui folâtre au pied de la colline,
    S'élance pour saisir cette feuille divine :
    Enfin, la feuille est dans sa main.

    Ne méprisez pas, je vous prie,
    Cette feuille rouge et flétrie,
    Léger débris de la forêt :
    ...