Je dis pour les cœurs ingénus
La chanson de Marthe aux pieds nus.

Marthe dès l’aube a quitté son aïeule ;...

Triste de quelque amour perdu,
Rêvant aux délices passées,
J’étais sur la terre étendu
Parmi les bruyères froissées.

L’ombre, en vibrant, montait dans l’air,
Des arbres profonds vers la nue,
Et la lune, au bord du ciel clair,
Découvrait son épaule nue...

Étoile de douceur, Miroir de chasteté,
Vase de certitude, ô merveilleuse Gerbe
Où tendresse est liée avec austérité !

Le Seigneur nous a dit : « Va ! fléchis ta superbe.
L’homme est la fleur des champs qui fleurit pour un jour,
Et ce jour est rapide et passe comme...

Vous me grondez, amis, de tant parler des morts !
Ma voix, de jour en jour, traîne plus monotone :
Tels, quand l’arbre a senti les rafales d’automne,
Les rameaux dépouillés ont de plus sourds accords.

J’en parle encor trop peu : c’est le seul de mes torts !
Si je...

La petite rivière, bleue
Si peu que le ciel ait d’azur,
D’ici fait encore une lieue,
Puis verse au fleuve son flot pur.

Plus grande, elle serait moins douce,
Elle n’aurait pas la lenteur
Qui dans les herbes mène et pousse
Son cours délicat et chanteur...

La campagne était fraîche et tout ensoleillée ;
Le souffle du matin passait les blés verts,
Et je marchais dans l’herbe odorante et mouillée
En récitant des vers.

J’étais gai, bien...

Poet: Paul Bourget

C’est le gai rendez-vous des bêtes du bon Dieu,
L’endroit frais et charmant, le coin béni, le lieu
Cher aux petits oiseaux, aimé des libellules,
Où dame abeille accourt en quittant ses cellules,
Où le printemps se joue au pied des verts buissons,
Où l’écho ne redit...

Tes yeux ont la couleur de la source où tu bois.
Les baisers que je prends sur tes lèvres pressées,
Font le doux bruit de l’eau qui glisse dans les bois,
Sur un lit de verdure et de feuilles froissées.

Ta voix, vive et légère, est comme l’eau qui fuit.
Elle chante...

La poudre des astres brisés
Roule encor par les étendues :
Mais où vont le vent des baisers
Et l’âme des amours perdues ?

Comme des étoiles, nos cœurs
Sont faits de lumière immortelle ;
Ils se brisent aux chocs vainqueurs ;
Mais leur poussière où donc...

O belle, dont le corps semble un vivant poëme,
Pourquoi m’ouvrir les bras, sans me dire : Je t’aime ?
Même à l’heure d’amour, contre ton sein pâmé
Tu ne me presses pas ainsi qu’un bien-aimé ;
Tu ne dis pas le mot envié des dieux même ;
Tu soupires : je meurs ; tu ne...