Le Parnasse contemporain/1876/La Voie lactée

La poudre des astres brisés
Roule encor par les étendues :
Mais où vont le vent des baisers
Et l’âme des amours perdues ?

Comme des étoiles, nos cœurs
Sont faits de lumière immortelle ;
Ils se brisent aux chocs vainqueurs ;
Mais leur poussière où donc va-t-elle ?

Nous voyons couler notre sang
Au bord de la nue enflammée,
Dans le couchant éblouissant ;
Mais où fuit sa rouge fumée ?

Quelle brise, effleurant ces flots,
Recueille l’esprit de nos rêves,
Les délices de nos sanglots
Et l’ivresse des heures brèves ?

Ah ! dans les débris radieux
Qui font ta lumière argentée,
Sous les pas tranquilles des dieux,
Emporte-les, ô Mer lactée !

Collection: 
1971

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  •  
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