Donne-moi tes baisers amers comme des larmes,
        Le soir, quand les oiseaux s’attardent dans leurs vols.
        Nos longs accouplements sans amour ont les charmes
        Des rapines, l’attrait farouche des viols.

        Tes yeux ont reflété la...

 
    Dans la pourpre et dans l’or d’un silence hautain,
    J’entends sonner ici l’heure de mon destin.

    Sa lamentation traverse la lumière,
    Elle sonne en pleurant, exacte et régulière.

    Avec la voix des sorts qui ne pardonnent pas,
    Elle...

 
    Parmi les thyms chauffés et leur bonne senteur
    Et le bourdonnement d’abeilles inquiètes,
    J’élève en autel d’or à la bonne Lenteur
    Amie et protectrice auguste des poètes.

    Elle enseigne l’oubli des heures et des jours
    Et donne, avec le...

 
Le jardin et le calme et la lumière basse,
Et tous mes souvenirs qui pleurent vers le soir…
La douceur d’être seule et triste et de m’asseoir
Dans l’ombre, de ne plus sourire et d’être lasse…

Parmi les frondaisons rôdent d’anciens soupirs,
Et le bonheur lui...

 
    Nul n’oserait frôler l’effilement des doigts
    Que je tends en un geste indifférent et triste.

    L’amour n’a point d’écho pour répondre à ma voix,
    Nul n’ose interroger mes regards d’améthyste…

    Car moi, fille royale, ainsi je l’ai voulu,...

 
Dans mon âme a fleuri le miracle des roses.
Pour le mettre à l’abri, tenons les portes closes.

Je défends mon bonheur, comme on fait des trésors,
Contre les regards durs et les bruits du dehors.

Les rideaux sont tirés sur l’odorant silence,
Où l’heure au...

 
    Dans l’Hadès souterrain où la nuit est parfaite
    Te souviens-tu de l’île odorante, ô Psappha ?
    Du verger où l’élan des lyres triompha,
    Et des pommiers fleuris où la brise s’arrête ?

    Toi qui fus à la fois l’amoureuse et l’amant,
    Te...

 
    C’est en vain que, pour moi, ma raison s’évertue,
    Car je n’aime que ce qui me raille et me tue…

    Et ma grande douleur terrible, la voici :
    Partout je redirai : Je ne suis pas d’ici.

    Je n’ai rien calculé, je suis née ivre et folle.
    Au...

 
Ma douce, entrons dans le jardin abandonné,
Dans le jardin sauvage, exquis et funéraire
Où l’autrefois se plaît à roder, solitaire
Et farouche, tel un vieux roi découronné.

Entrons dans le jardin qu’un vent d’automne accable,
Où le silence est lent comme...

 
Viens, les heures d’amour sont furtives et rares…
Le jardin matinal est plein d’oiseaux bizarres.

Chère, je te convie à ce royal festin.
Je ne veux pas jouir seule de ce matin.

L’aube heurte le ciel comme une porte close.
Viens boire la rosée au cœur blond...