Parmi les thyms chauffés et leur bonne senteur
Et le bourdonnement d’abeilles inquiètes,
J’élève en autel d’or à la bonne Lenteur
Amie et protectrice auguste des poètes.
Elle enseigne l’oubli des heures et des jours
Et donne, avec le doux mépris de ce qui presse,
Le sens oriental de ces belles amours
Dont le songe parfait naquit dans la paresse.
Daigne nous inspirer le distique touchant
Qui réveille en pleurant la mémoire dormante,
O Lenteur ! toi qui rends plus suave un beau chant
Mélancolique et noble et digne de l’amante !
Inspire les amours, toi qui sais apaiser,
Retenir plus longtemps et rendre plus vivace
Et plus suave encore un suave baiser,
Et révèles la gloire entière de la face.
Nous ployons devant toi nos dociles genoux,
La contemplation nous étant chère encore…
Puisque nous t’honorons, demeure parmi nous,
Toi que nous adorons, ô Lenteur que j’adore !