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    I

    Dès que son fiancé fut parti pour la guerre,
    Sans larmes dans les yeux ni désespoir vulgaire,
    Irène de Grandfief, la noble et pure enfant,
    Revêtit les habits qu’elle avait au couvent :
    La robe noire avec l’étroite pèlerine
    Et la petite croix d’argent sur la poitrine.
    Elle ôta ses bijoux, ferma son piano,
    Et gardant seulement à son...

  • Lorsque le lambris craque, ébranlé sourdement,
    Que de la cheminée il jaillit par moment
    Des sons surnaturels, qu’avec un bruit étrange
    Pétillent les tisons entourés d’une frange
    D’un feu blafard et pâle, et que des vieux portraits
    De bizarres lueurs font grimacer les traits,
    Seul, assis, loin du bruit, du récit des merveilles
    D’autrefois aimez-vous...

  •    Mon ami, vous voilà père d’un nouveau-né ;
    C’est un garçon encor : le Ciel vous l’a donné
    Beau, frais, souriant d’aise à cette vie amère ;
    À peine il a coûté quelque plainte à sa mère.
    Il est nuit ; je vous vois :… à doux bruit, le sommeil
    Sur un sein blanc qui dort a pris l’enfant vermeil ;
    Et vous, père, veillant contre la cheminée,
    Recueilli...

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    Quel orgueil d’être seul à sa fenêtre, tard,
    Près de la lampe amie, à travailler sans trêve,
    Et sur la page blanche où l’on fixe son rêve
    De planter un beau vers tout vibrant, comme un dard

    Quel orgueil d’être seul pendant les soirs magiques
    Quand tout s’est assoupi dans la cité qui dort,
    Et que la Lune seule, avec son masque d’or,
    Promène ses...

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    I

    C’est encore une année en fuite et qui s’enfonce,
    Et qui va s’éteignant dans l’âtre avec la cendre ;
    La chambre se recueille et toute elle se fonce ;
    Et les reflets, dans le miroir, semblent descendre.

    La bûche lentement dans l’âtre se consume ;
    La chambre songe, encore un peu enluminée
    Par la bûche qui est déjà presque posthume,
    ...

  • Le soleil de la nuit éclaire la montagne ;
    Sur le sable désert faut-il encore rester ?
    Doucement dans mes bras laisse-moi t’emporter ;
    Bon maître, éveille-toi ! marchons vers la campagne.
            Tes yeux sont clos depuis trois jours :
            Maître ! dormiras-tu toujours ?

    L’orage dans son vol a brisé les platanes ;
    Le navire sans voile a disparu...

  • Quand ma lampe est éteinte, et que pas une étoile
    Ne scintille en hiver aux vitres des maisons,
    Quand plus rien ne s'allume aux sombres horizons,
    Et que la lune marche à travers un long voile,
    Ô vierge ! ô ma lumière ! En regardant les cieux,
    Mon coeur qui croit en vous voit rayonner vos yeux.

    Non ! Tout n'est pas malheur sur la terre flottante :
    Agité...

  • À mon ami Victor Hugo.

    Mon ami, vous voilà père d'un nouveau-né ;
    C'est un garçon encor : le Ciel vous l'a donné
    Beau, frais, souriant d'aise à cette vie amère ;
    A peine il a coûté quelque plainte à sa mère.
    Il est nuit ; je vous vois... à doux bruit, le sommeil
    Sur un sein blanc qui dort a pris l'enfant vermeil,
    Et vous, père, veillant contre la...

  • Il doit être minuit. Minuit moins cinq. On dort.
    Chacun cueille sa fleur au vert jardin des rêves,
    Et moi, las de subir mes vieux remords sans trêves,
    Je tords mon c?ur pour qu'il s'égoutte en rimes d'or.

    Et voilà qu'à songer me revient un accord,
    Un air bête d'antan, et sans bruit tu te lèves
    Ô menuet, toujours plus gai, des heures brèves
    Où j'étais...